France

Sciences Po autrefois vu par…
Témoignages d’auteurs passés sur ses bancs.
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Paul Claudel est devenu une image d’Épinal, le Grand Poète Catholique ou le Méchant Frère Pétainiste, selon les albums que chacun compose. François Angelier, dans un essai joyeux où il rend hommage à « sa bonhommie cosmique, sa voracité joyeuse », tente – et réussit – d’aller au-delà des faciles images qui réduisent et recomposent une vie et une œuvre.
Ne cherchez pas l’ombre d’une critique, Angelier, qui affirme avoir été sauvé du désespoir par Claudel, « ostéopathe mystique qui vous réemboîte l’âme », nous empoigne et nous mène tambour battant dans la découverte émerveillée d’un culturiste du Bon Dieu qui ne craint pas de gonfler les muscles après avoir huilé sa peau : la pose manque de délicatesse mais le spectacle est généreux. Bien sûr, l’auteur souligne toutes les contradictions de son héros, aussi répandu que solitaire, décrypte son rapport à la Bible, qui évolua entre 1886 en 1954, balaie la question de l’Odapetin (!) et termine son essai renseigné, admiratif et habile par une solide chronologie, précédée de morceaux choisis, comme « Le porc », extrait de Connaissance de l’Est, dont il décrit la « jouissance profonde, solitaire, consciente, intégrale » avec laquelle il se vautre dans la boue fraîche, tels Claudel en la Bible, Angelier en Claudel et nous dans son livre.