Civilisation
Vauban pour toujours
1692, le duc de Savoie franchit le col de Vars, emporte Embrun, puis Gap. Louis XIV demande à Vauban de fortifier le Queyras.
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Anne de Jouvenel-Tugny, enseignante à l’Institut national de Gemmologie, n’a pas choisi de se mettre à l’établi pour façonner les gemmes mais d’en explorer leurs richesses historiques, techniques, symboliques, sociologiques. Grenats, émeraudes, perles, rubis et diamants pour les principales, forment le captivant sujet de cet ouvrage.
Par leur couleur, leur éclat et leur forme, les pierres précieuses, de l’Antiquité au monde moderne, ont toujours eu un charme particulier par l’aura de mystère qu’elles dégagent. Les gemmes sont une fenêtre ouverte sur l’histoire de la terre, des hommes et de l’adresse qu’ils déploient pour révéler leur magnificence. Chaque pierre a sa personnalité et mérite une attention particulière comme le Cullinan (3106 carats), le plus gros diamant du monde extrait de la mine de Cullinan en Afrique du Sud en 1905 dont l’opération délicate et risquée de la taille, confiée au grand diamantaire Joseph Asscher, demanda deux ans d’observation. L’émeraude, recherchée par les Romains, symbole d’immortalité et de puissance, était parée de toutes les vertus. L’améthyste, devenue la pierre des évêques, exprime la modestie et l’humilité et aurait selon Léonard de Vinci le pouvoir de « dissiper les mauvaises pensées et des effets bénéfiques sur la santé ». Quel dommage qu’ils ne portent plus leur anneau épiscopal ! Quant aux perles insérées dans les cheveux et brodées sur les vêtements, à la Renaissance, elles furent associées à la pureté et la virginité.
Au fil des pages on découvre les bijoux célèbres, les pouvoirs merveilleux ou maléfiques qu’on leur assigne mais aussi la source d’inspiration qu’ils constituèrent pour les écrivains : Voyage dans le cristal de George Sand ou Les Bijoux de Maupassant qui mettent les parures à l’honneur, La vallée des Rubis de Joseph Kessel ou L’opale mystérieuse de Walter Scott qui jette sur cette pierre la suspicion de porter malheur… Thème dont s’empara également le cinéma : Diamants sur canapé (1961), Les diamants sont éternels de Ian Fleming… Objet d’art, de pouvoir et de séduction, les pierres précieuses fascinent autant qu’elles questionnent. L’ouvrage d’Anne de Jouvenel-Tugny, très instructif, témoigne de l’insatiable curiosité et émerveillement de cet héritage toujours aussi vivace à travers les époques et différentes cultures. Sans doute parce que toujours intacts, malgré le temps qui passe, les joyaux incarnent la volonté de résister.