Civilisation
Vauban pour toujours
1692, le duc de Savoie franchit le col de Vars, emporte Embrun, puis Gap. Louis XIV demande à Vauban de fortifier le Queyras.
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Jean-Christian Petitfils aime l’histoire et n’en méprise pas les aspects les plus populaires, au premier rang desquels les délices de l’énigme, de la question à jamais sans réponse, des trésors fabuleux et des meurtres mystérieux. Le voilà qui coordonne vingt textes qui, chacun, partent à l’assaut d’une de ces forteresses de l’imaginaire : le meurtre de Lady Di et l’emplacement de l’Atlantide, le tombeau d’Alexandre et la survie d’Hitler. On ressort ravi et abattu de chaque texte, mené comme une attaque commando contre les idées reçues. Il apparaît que l’Atlantide n’a jamais existé. Critias a menti, et Dropidès avant lui. D’ailleurs Critias n’existe pas, Platon a pastiché Hérodote. Théopompe de Chios l’avait assez vite compris. Quant à Lady Di, c’est un accident de voiture. Jean des Cars en profite pour détailler la vengeance médiatique ourdie par Diana Spencer, qui ne cesse de mettre en scène, à travers ses amours, la déchéance de Charles et l’impuissance de la couronne d’Angleterre. Hitler est bien mort mais la manière dont les Soviétiques vont escamoter son cadavre est un petit roman, d’une macabre cocasserie parfaitement rendue par François Kersaudy. Quant aux Mayas, il en reste six millions aujourd’hui, qui ne savent pas plus que les archéologues déchiffrer les glyphes des fresques du marché de Calakmul. Des bribes certaines émergent : Grenouille Fumante envahit Tikal en 378 et place sur le trône Nez busqué né de Propulseur Hibou, « au statut encore mal défini ». On comprend surtout la complexité de l’empire maya et son lent écroulement avant même l’arrivée des Espagnols. Chaque texte ruine le fantastique mais révèle à sa place une réalité encore plus folle, encore plus chamarrée, des passions encore plus dévastatrices, des complots encore en cours, comme l’assassinat de Kennedy. Le tombeau d’Alexandre a sans doute été détruit par un tsunami, en 365 : on croyait à une galéjade de Phocéens, la science a prouvé qu’un séisme a bien bouleversé la côte grecque à ce moment-là. Alexandrie a subi le sort de Banda Aceh en 2004 et le tombeau, vidé par les flots, dort sous des milliers de tonnes de vieux gravats et de nouveaux bétons. Un autre tombeau est vide, celui du Christ. Pierre de Riedmatten nous raconte l’histoire du Saint Suaire. Là aussi, la science passe l’imagination : le linceul conservé à Turin porte une image dont on ne sait expliquer la fabrication et dont l’analyse fait surgir un personnage de type syro-palestinien qui a été crucifié après avoir été torturé. Le doute subsiste, bien sûr. Mais aucune énigme encore suspendue n’a jamais approché à ce point sa résolution.