Douze hommes ont marché sur la lune. Ils n’étaient pas pêcheurs galiléens mais presque. Apollo confidentiel raconte leur histoire, leurs missions, leurs alunissages. C’est un livre reportage, avec ce qu’il faut d’anecdotes, de révélations sur les coulisses, de petites histoires qui éclairent le grande. La poussière lunaire sent la poudre à canon, par exemple ; le vent solaire déclenche des flashs lumineux même quand on a les paupières fermées ; et les pluies de micrométéorites font tant de bruit en frappant la tôle du module lunaire qu’il est difficile de dormir. On a aussi quelques éclairages sur la mission Apollo 13 (vous savez, « Houston, on a un problème ») : la procédure de raccordement des deux modules, bricolée en quelques heures dans le film éponyme, avait en fait été mise au point des années auparavant, ce qui laisse rêveur sur l’imagination des responsables des scénarios catastrophes à la Nasa. Bref, c’est un livre d’amateur passionné qui raconte en accumulant les détails ces voyages extraordinaires qu’on a fini par oublier (L’aventure lunaire n’aura duré que quatre ans en tout), voire mépriser, car rien n’en est sorti, d’une part, et d’autre part parce que ce n’est pas aussi sportif qu’une ascension de l’Anapurna ou une traversée en solitaire. Ou peut-être mesure-t-on, obscurément, que c’est bien plus exceptionnel, rare, voire inhumain ? Car on approche aussi le mystère de ces hommes qui ont été exposés de manière radicale à l’inconnu, et un inconnu épaissi de tous les espoirs scientifiques et de tous les discours sur le progrès. La lune les hantait, et plus encore de savoir le sens de leur épopée : rien d’humain ne pouvait le leur donner.

Lukas Viglietti, Apollo confidentiel. Mémoires d’hommes sur la lune. De Boeck, 2019, 288 p., 19,90 €.