Au déclin de la Convention et sous le Directoire, dans la foule parisienne qui reprenait goût à la vie après la chute de Robespierre, on vit des passants d’un nouveau style apparaître en groupe dans les allées et les boutiques du Palais Royal, dans le jardin des Tuileries, et partout où l’on se promenait ; hier encore défilaient quotidiennement les charrettes de condamnés cahotant vers la place de l’abbaye de Monte-à-Regret, accompagnés des beuglements des sans-culottes et des hurlements des tricoteuses. La Révolution paraissait pour un temps repue de sang sacrificiel, tandis que les royalistes ne désarmaient pas encore.
Et voici que des jeunes gens joyeux, élégants, insolents venaient raviver les couleurs de « la France abîmée », comme dit Xavier Martin. Chevelures abondantes parfumées de musc, lorgnons négligents, cravates agressives, cols montant aux oreilles, pantalons près du corps et vastes redingotes ornaient leurs apparences, et ils brandissaient volontiers d’énormes gourdins noueux qu’ils appelaient leur « pouvoir exécutif » ; lorsqu’ils identifiaient un jacobin, ils s’amusaient à le poursuivre et à le rosser, car ils étaient de convictions royalistes… Hélas, quelques années encore et l’ordre règnera, mais sous Bonaparte, qui les aura écrasés sur les marches de Saint-Roch.
Au déclin de la Ve république, il arrive souvent que des bandes sales, haineuses et vociférantes, prenant pour prétexte la victoire ou la défaite de leur club de foot engraissé par des principicules oléogazoprofiteurs, se répandent sur les lieux de promenades d’aujourd’hui, avec une prédilection marquée pour les Champs Elysées. En rigolant de la casquette impuissante du préfet de police Lallement, ils cassent, pillent, molestent, violent, brûlent, blessent et tuent parfois, tout leur saoul. Puis, en feulant des injures dans leurs différents sabirs, ils retournent à leurs bauges interdites à la police. Ajoutons qu’il en est ainsi dans toutes nos grandes villes.
Et voici que le lendemain, le petit Darmanin tente d’imprimer à son frais visage l’expression austère du ministre-flic incarnant l’autorité de la république : « inacceptable… ensauvagement… solidarité… ordre républicain… » Vigueur des mots, néant de l’action. Il se trouve en effet que les voyous ethniques se distraient ainsi à nos dépens en une quasi impunité, si l’on considère l’énormité des dégâts matériels et humains produits à chacune de leurs ruées bestiales.
Le Directoire, prisonnier des « acquis » de la révolution, de sa médiocrité, et de sa corruption, a échoué en presque tout, avec une exception notable, les opérations extérieures ; c’est cette vitalité militaire et un étonnant petit général corse qui mettra fin à ses palinodies politiques.
La Ve république, prisonnière des « acquis » des droits de l’homme dénaturé, de sa médiocrité, de sa veulerie politique est en train d’échouer en tout. Il y a des réserves de vitalité en France, heureusement, et pas seulement dans nos forces armées, mais notre indépendance est bradée, notre économie sent le naufrage, et le gouvernement avec la complicité de la prétendue représentation nationale s’amuse à élaborer des lois scélérates qui, salissent la morale publique, la famille, l’honneur national et compromettent l’avenir.
Aurons-nous l’avantage de saluer bientôt le retour de la justice, de la paix et de la liberté ?
Ou faudra-t-il l’attendre encore longtemps sous le joug nauséabond de satrapes malfaisants ?
Et si nous nous faisions muscadins ?