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Entre sommeil et éveil

« Ils arrivèrent dans une vaste forêt que ne semblait traverser aucun sentier ».

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Entre sommeil et éveil

C’est par cette citation, tirée de The Little Duke, roman victorien de Charlotte Yonge, retraçant les péripéties du jeune Richard, duc de Normandie, que s’ouvre le cinquième chapitre du Ministère de la Peur de Graham Greene. Dans cette œuvre dramatico-psychologique, l’auteur, hélas oublié, de La Puissance et la Gloire ou encore du Troisième homme, qui s’est imposé sans conteste comme l’un des maîtres du genre, nous invite à suivre les pas d’Arthur Rowe, sorte de Raskolnikov des temps modernes, homme sans flamboyance, sans cesse torturé par un crime passé et pourchassé par des agents infiltrés à la solde des nazis.

Dès les premières pages, le lecteur, comme prisonnier du vagabondage de Rowe, est embarqué, sous les décombres londoniens du Blitz, dans une course-poursuite étourdissante, en compagnie de personnages aussi fantasques qu’ordinaires, oscillant sans cesse entre sommeil et éveil, mémoire et rêve. Plus qu’un roman d’espionnage, le Ministère de la Peur, porté à l’écran par Fritz Lang en 1944, est une véritable déambulation tantôt éveillée tantôt hallucinée, au cœur de la conscience humaine entre culpabilité et espoir de rédemption, oubli et souvenir d’enfance, si justement servie par la nouvelle et efficace traduction de Claro.

 

Graham Greene, Le Ministère de la Peur. Flammarion, 2025, 377 p., 20 €.

 

 


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