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Entre couleurs et sons : Roubaix célèbre Marc Chagall (1887-1985)

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Entre couleurs et sons : Roubaix célèbre Marc Chagall (1887-1985)

La Fondation SwissLife organisait le 21 janvier 2016 une importante soirée « Marc Chagall et la musique » au Musée de La Piscine à Roubaix.

Tandis que la Philharmonie de Paris expose « Marc Chagall, le triomphe de la musique« , la Piscine de Roubaix réplique avec « Marc Chagall, les sources de la musique« . Plus de 200 œuvres, toiles, croquis et vitraux reflètent les origines slaves du peintre et soulignent la place capitale, dans son processus créateur, de la musique qui fut pour lui bien plus qu’une simple source d’inspiration. Elle l’a accompagné toute sa vie et ses œuvres se parent d’une aura singulière dès lors qu’il y traite un sujet musical.

A la Philharmonie de Paris, on admire les réalisations scéniques de Chagall de 1919 à 1967 : esquisses, costumes, céramiques, photos, matériel du théâtre juif de Moscou, décors d’opéras et de ballets. En 1960, André Malraux, ministre des affaires culturelles, lui confie la décoration du plafond de l’Opéra de Paris. L’œuvre couvrant 224 mètres carrés représente 14 compositeurs : Gluck, Mozart, Moussorgski, Bizet, Berlioz, Tchaïkovski, Debussy, Stravinski, Ravel… Elle est inaugurée le 23 septembre 1964 lors d’une représentation du ballet Daphnis et Chloé de Ravel, pour lequel Chagall a également créé costumes et décors, inspirés par un voyage en Grèce.

Prolongement et complément de l’exposition parisienne, celle de Roubaix ne démérite en rien et permet de se plonger à travers le parcours du peintre jusqu’aux racines profondes de son art. On admire de nombreux croquis et toiles s’ancrant dans sa cité natale de Vitebsk, imprégnés de culture juive hassidique. Son enfance fut bercée par la musique klezmer (sa mère chantait et son oncle jouait du violon) ainsi que par la liturgie entendue à la synagogue (où son grand-père était chantre). Il n’est guère étonnant que la musique le hante tout au long de son existence et qu’il fréquente assidument les concerts. Instrumentistes, danseurs, artistes de cirque, personnages bibliques occupent un rôle central dans son imaginaire, se mêlant et s’interpellant en une palette chamarrée, hommage ininterrompu aux traditions de son peuple.

En 1920, Alexis Granowski, directeur du théâtre de chambre juif de Moscou, songe à lui pour décorer pour son établissement et Chagall orne la salle de spectacle d’une série de musiciens et d’acrobates. Naturalisé français en 1937, il se réfugie à New York dès 1941, fuyant les persécutions. Pour Léonide Massine, célèbre danseur et chorégraphe, il réalise les décors et les costumes d’Aleko, ballet d’après Les Tsiganes de Pouchkine conçu sur la partition du Trio en la mineur « À la mémoire d’un grand artiste » de Tchaïkovski. George Balanchine collabore avec lui en 1945 pour L’Oiseau de feu d’Igor Stravinski qu’il monte au New York City Ballet. Chagall réalise le rideau de scène, trois décors et quatre-vingt costumes. En 1966, il exécute deux fresques monumentales intitulées Les Sources de la musique et Le Triomphe de la musique pour le Hall d’entrée du Metropolitan Opera de New York. Le Musée Marc-Chagall de Nice, inauguré en 1973, abrite tout naturellement un auditorium. L’artiste, qui fut proche d’Erik Satie, y invite entre autres Mstislav Rostropovitch, Olivier Messiaen, Karlheinz Stockhausen.

L’exposition de La Piscine met opportunément en lumière une longue période peu explorée de sa production, qu’on connaît essentiellement par ses toiles aux coloris flamboyants des années 1960-1970. Conjointement à l’univers onirique imprégné de sa Russie natale, Chagall souhaitait fixer dans sa peinture le lyrisme émanant de la musique : « il faut faire chanter le dessin par la couleur, il faut faire comme Debussy. » D’incessantes correspondances entre les sons et les couleurs témoignent de son intimité avec l’art des musiciens. La vivacité lumineuse de l’Atelier (1910) se juxtapose et s’oppose aux teintes sombres des Saltimbanques dans la nuit (1957). Les chatoiements tachistes de couleurs crues se truffent de références musicales. L’étonnant Homme à la tête renversée (1919) est reproduit sur l’affiche : un chanteur à la posture cambrée à l’extrême s’adresse à la voûte étoilée. Les vibrations sonores emplissent l’espace bleuté, symbole de la présence divine sur terre dans la tradition juive.

Un concert de haute tenue

En prolongement à la visite de l’exposition roubaisienne, la Fondation SwissLife eut l’heureuse initiative de proposer un concert bienvenu et original, concrétisant par l’art des sons la thématique abordée dans les tableaux. La première partie permettait d’entendre trois extraits de l’opéra de chambre Bobba d’Arthur Lavandier (Lauréat du Prix SwissLife à quatre mains) sur des textes de Sonia Kotkin . En parfaite adéquation avec le monde chagallien, l’œuvre éclaire des moments – bien inconsistants – de la vie quotidienne d’un shtetl de Lituanie grâce à un astucieux dispositif conçu comme un parallèle aux toiles du maître, assez proche d’un théâtre mobile de baladins. A Roubaix, les musiciens jouèrent en direct « Les fraises des bois », « Les funérailles des vivants » et « Mariages » tandis qu’étaient projetées les scènes correspondantes filmées lors de la première de l’œuvre. Musicalité et intelligence caractérisent l’interprétation. Dans l’acoustique ingrate de la Piscine, la jolie voix de Manuel Nuñez Camelino était parfois couverte, dans le dernier extrait, par le petit effectif instrumental.

La seconde partie, en fin de soirée, était confiée au pianiste d’origine russe Mikhaïl Rudy. Le premier concert que celui-ci donna en Occident en 1977 célébrait le 90e anniversaire de Marc Chagall. Il avait interprété le Triple Concerto de Beethoven avec Mstislav Rostropovitch et Isaac Stern. Grand amateur d’art, Rudy est l’un des commissaires de cette exposition Chagall qu’il a connu personnellement. Et le musicien de nous convier à une superbe prestation concrétisant par les sons les illustrations figurant au plafond de l’Opéra Garnier. Tandis que des fragments de la célèbre fresque s’affichent à l’écran, le pianiste joue des pièces de Gluck (Orphée et Eurydice), Mozart (Fantaisie K. 397), Wagner-Liszt (La mort d’Isolde), Debussy (Études pour les quartes, puis pour les huit doigts) et Ravel (La Valse). Cette symbiose entre les arts s’avère particulièrement pertinente, Mikhaïl Rudy nous donnant véritablement à entendre la toile. Le pianiste estime par ailleurs que « toute la peinture de Chagall est mozartienne ». Cette soirée, vibrant hommage au peintre, célébration de la fusion entre les arts, fut pleine de réjouissances.

A lire :
Sous la direction d’Ambre Gauthier et de Meret Meyer, Chagall et la musique, catalogue de l’exposition, Gallimard, 360 p., 45 €
Connaissance des Arts, Hors-série : Chagall et la musique, 9 €.

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