C’est un témoignage bouleversant. Celle qui se fait appeler Julie Grand et qui fut l’otage de Trèbes sauvée par Arnaud Beltrame, se confie corps et âme dans ce récit aussi poignant qu’instructif.
Avec beaucoup de pudeur et de réalisme. Ah, non, ce n’est pas rien d’avoir vécu ce qu’elle a vécu et qui l’a marquée à jamais. Elle raconte, se raconte elle-même, bien sûr, qui, certes, n’était pas préparée à affronter une telle épreuve, alors qu’elle cherchait une autre vie que celle qu’elle aurait dû mener avec un diplôme d’ingénieur, et qui bascule dans l’indicible d’un moment dont elle aura beaucoup de mal à se libérer ; elle raconte Radouane Lakdim, le djihadiste, qui l’a prise en otage, elle le décrit humainement, psychologiquement et elle fait comprendre, sans trop insister, de multiples aspects de la question qu’aucun de nos dirigeants n’est capable d’envisager ; elle raconte Arnaud Beltrame, son geste, sa personnalité qui se révèle dans cet acte que personne, même sa hiérarchie n’a vraiment compris, quitte aux autorités à récupérer à leur profit, selon leur habitude, le courage vrai et simple du Français de France que ces mêmes autorités méprisent si ordinairement. Et, puis, enfin, elle raconte le calvaire qu’elle a dû subir par la suite, y compris administratif, personnel aussi, médical et psychosomatique, les insupportables parcours que la victime doit emprunter pour survivre, jusqu’au moment de sa rencontre, sous le patronage de son « sauveur », avec l’abbaye de Lagrasse qui la mènera au vrai Sauveur et à la délivrance du seul salut. Un livre émouvant, fort, y compris et surtout dans la fragilité décrite, à mettre entre toutes les mains. Mieux que tous les procès !
Julie Grand, Sa vie pour la mienne, Artège ; 175 p. ; 16,90 €