Civilisation
L’abondance destructrice
On le sait, l’agriculture intensive et l’agro-industrie détruisent la nature, les paysans, les paysages et en fait le pays.
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Écologie et eschatologie
Fabrice Hadjadj qualifie cette écologie de tragique. Il l’oppose ainsi à l’écologie des écologistes politico-progressistes qui prétendent à leur façon sauver la planète et garantir l’avenir de l’humanité, au nom d’une notion du bonheur qui n’existe nulle part.
Fabrice Hadjadj est un philosophe et théologien, maintenant bien connu, directeur de l’Institut européen d’études anthropologiques Philanthropos, à Fribourg en Suisse, qu’il a lui-même créé. Ce livre est en soi un chef-d’œuvre de réflexion sur l’origine du mal, sur la condition humaine, sur le statut de la création, sur la destinée du monde, sur la nature en tant que telle en ses différentes acceptions, et sur la grâce, et donc sur la vie surnaturelle et éternelle.
L’auteur passe de saint Augustin, vu dans ses différentes périodes, à saint Thomas d’Aquin, dans l’expression dernière de ses considérations, qui n’étaient peut-être pas les ultimes qu’il aurait pensé à exposer. Car la matière est délicate. Beaucoup d’esprits et des meilleurs s’y sont plongés : Rachi de Troyes, que l’auteur cite amplement, car il connaît parfaitement, à côté des docteurs de l’Église, la réflexion hébraïque et rabbinique qu’il insère dans sa vaste culture philosophique et littéraire. La modernité, ou aujourd’hui la post-modernité, ne sait plus penser ni comment penser, se privant elle-même par son infatuation des outils de connaissance.
Pourquoi le taureau face au toréro ?
Ce qui ne l’empêche pas de donner des réponses catégoriques à des questions qui sont autant de mystères et qui appellent des réponses elles-mêmes englobées de secrètes et incertaines lumières, au-delà des logiques aristotéliciennes, cependant nécessaires, des logiques cartésiennes, pourtant de connivence, bien au-delà des logiques du monde contemporain, consommateur et hédoniste.
La souffrance est-elle constitutive de la nature ? La mort, de la création ? Le péché originel ? Abel doit-il être tué par la jalousie qu’occasionnent ses propres sacrifices ? Et pourquoi le sacrifice ? Et pourquoi Jésus-Christ assume-t-il tous les sacrifices de l’ancienne Alliance en se substituant Lui-même comme victime propitiatoire et Agneau d’offrande et de réparation ? Et pourquoi la gazelle dévorée par le lion ? Et pourquoi le taureau face au toréro ? La vision de notre philosophe théologien, exégète et poète, survole le temps, les siècles, l’histoire et même l’évolution des nébuleuses stellaires qui disent une même parole qu’il faut savoir écouter et qui va au-delà de tous nos désirs.
Fabrice Hadjadj, Écologie tragique, Mame, 2024
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