Quand Chesterton décide de manier la fable politique, il se lance dans un roman où un bibliothécaire spécialiste des Hittites ressuscite les corporations médiévales.
Il en vient donc à justifier la grève d’un socialiste barbu tombé amoureux d’une poétesse rêvant à Richard Cœur de lion ; j’oubliais l’épopée de Douglas Murrel, parti chercher un flacon de rouge à enluminer et qui revint nanti du flacon, propriétaire d’un cab antique et son cœur ravi par la fille du chimiste un peu timbré à qui un industriel avait volé son procédé de couleurs ; et Rosamund, qui est si belle et efficace qu’aucune utopie ne lui résiste. Il y a des snobs ridicules, des inadéquats flamboyants, des amours tristes, du catholicisme, une fin heureuse, des formules éblouissantes, une critique radicale du capitalisme anglais, et de la haute société anglaise, et de tous les voleurs dont on nous dit qu’ils sont d’habiles hommes d’affaires ; plus quelques claques au passage aux anticléricaux et aux conservateurs qui ne comprennent rien à la misère et excusent dans leur classe tous les vices qu’ils reprochent au peuple. Le Retour de Don Quichotte est comme une synthèse chestertonienne, c’est-à-dire une pensée claire et droite comme une tige sur laquelle s’entrelacent mille liserons multicolores. L’ouvrage, paru en français en 1927, a été soigneusement révisé et intelligemment préfacé par Camille Dalmas, et édité par une maison d’édition qui compte se consacrer aux grandes œuvres du catholicisme social et réunit des amis qui ressemblent fort à des disciples de William Morris.
G.K. Chesterton, Le Retour de Don Quichotte. La Onzième Heure, 2024, 256 p., 20 €.
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