Les débats étaient longs, nourris, calmes ou féroces, pugnaces et argumentés. C’est-à-dire que l’Église considérait qu’elle avait le temps et qu’il fallait que la vérité soit établie. On voit tout le profit qu’on aura à lire ce petit livre dense qui est moins un catalogue ou un résumé des grandes controverses – qu’il passe quand même en revue – qu’un traité sur la méthode, méthode qui exige qu’on argumente (insistons) et non pas qu’on assène un discours sur la nécessité de s’adapter au monde, comme si l’adaptation était en elle-même le signe de l’intelligence et de la bonté natives des changements. L’auteur, en examinant quelques controverses, rappelle à chaque fois le contexte, c’est-à-dire la manière dont l’époque influe sur les débats, l’Écriture et les dogmes alors déjà arrêtés, c’est-à-dire les référents, indiscutables, enfin les thèses, c’est-à-dire l’intelligence des deux partis, et surtout le terme, qui n’est pas clos, comme en témoigne son habile discussion sur la peine de mort (qui souhaite la reprise de la disputatio sur le sujet du tyrannicide). Sa conclusion soulève deux points, à méditer : primo, « un courant déconstructionniste [dans l’Église] a voulu substituer cette créance accordée à l’autorité divine une crédibilité venant de la base. Mais […] un accord tacite avec le politiquement correct du moment ne saurait satisfaire le cœur fidèle » ; secundo, récapitulant le fruit ecclésial produit par chaque controverse : « L’espérance ne saurait désenchanter un cœur croyant ; elle garde le fidèle de tout défaitisme, et l’entraîne dans la confiance qu’il avance déjà et avancera un jour plus totalement “de gloire en gloire” (2Co 3,18). »

P. Édouard Divry, Le bienfait des controverses doctrinales dans l’Église. Artège, 2021, 176 p., 15,90 €.