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De sang et d’or

Dès les premières pages de Minotaures, le décor est planté.

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De sang et d’or

Le rideau se lève sur un amphithéâtre antique aux couleurs de sang et d’or : l’or du soleil de Béziers ; le sang de l’animal, quelquefois mêlé à celui de l’homme, qui, bientôt, maculera le sable brûlant de l’arène ; le sang et l’or de l’habit de lumière du torero qui, dans quelques instants, affrontera l’ambassadeur de la mort : le « toro ». Le moment est venu où le torero, véritable chevalier des sables, entre dans l’arène. Puis c’est au tour du toro d’apparaître. S’ensuit une longue chorégraphie où chaque geste imprime sur le sable la marque du génie et du talent de l’homme dans ce combat loyal où la vie et la mort se défient jusqu’à l’assaut final, jusqu’à ce moment où, fier et noble, le toro se couche pour rejoindre les siens dans un campo d’éternité. Alors, le silence tombe sur l’arène, le temps est comme suspendu. La vie a triomphé sur la mort, le rideau tombe. De la tragédie est née la joie, et de la joie, la grâce.

Hymne à la liberté, au courage, à l’honneur et l’enracinement

Cette grâce que nous décrit l’élégante plume de Yannis Ezziadi, nous ouvrant ainsi à un univers magique, presque mystique. Des arènes de Béziers à celles de Nîmes, aux campos et manades du Sud de la France, en passant par des rencontres émouvantes avec les témoins d’hier et d’aujourd’hui de cet art unique, l’auteur nous chante une hymne à la liberté – celle de l’homme de toréer, celle du toro de charger et de mourir –, au courage, à l’honneur et l’enracinement, véritable remède à l’avachissement moderne. La corrida, je l’ai mieux comprise avec Minotaures. Ma lecture achevée, alors que je demeure fasciné par cette mythologie taurine, se dessine sous mes yeux les traits du visage d’Escamillo, le torero de Bizet, et j’entends la voix de Carmen monter comme un avertissement : « Toréador, en garde, et songe en combattant, qu’un œil noir te regarde et que l’amour t’attend. »

 

Yannis Ezziadi, Minotaures, voyage au cœur de la corrida. Fayard, 2024, 189 p., 20 €

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