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De libero arbitrio

Jean-Philippe Delsol est avocat fiscaliste. Sa réputation n’est plus à faire, ni celle de sa famille d’universitaires et d’intellectuels de haut vol.

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De libero arbitrio

L’homme est aussi philosophe ; il a fondé et préside un Institut de recherches économiques et fiscales qui ne se contente pas d’aligner des mesures techniques mais qui s’attaque aux conceptions mêmes sur lesquelles repose l’édifice social. Il dénonce l’injustice fiscale et la prétention d’un égalitarisme étatique qui tue peu à peu non seulement l’initiative économique mais, pire encore, la liberté personnelle la plus intime.

S’il est permis de résumer son combat – car il lutte toujours dans le même esprit –, il veut, face à tous les totalitarismes et en particulier celui de notre fausse modernité, préserver ce qui pour lui est la faculté primordiale et caractéristique de l’homme, sa capacité de choisir, de trancher intellectuellement et de décider en conscience, œuvre éminente de raison et de volonté. Aujourd’hui tout est fait dans l’État et la société pour rendre captive la liberté fondamentale de l’homme, ce qui atteint jusqu’à la raison, plus gravement jusqu’au jugement et malheureusement jusqu’à la volonté qui n’est plus orientée vers le bien, mais soumise à tous les esclavages d’une république et d’une démocratie dont les mécanismes n’ont plus aucun rapport avec l’expression de la liberté personnelle d’un citoyen responsable.

Le débat ouvert est une question de civilisation. Toute l’avancée et l’originalité de la civilisation occidentale résident dans sa conception du libre arbitre. Voilà la démonstration de Jean-Philippe Delsol. Ce n’est plus un essai, c’est un véritable traité. La Grèce antique et ses philosophes (ses sophistes aussi !), la Romanité et ses juristes qui font comme Cicéron de la philosophie du droit, les Hébreux qui apportent de leur côté la conception d’un Dieu personnel et agissant, voilà des pages pleines de science et surtout de sens qui permettent des comparaisons avec le monde musulman qui s’enferme sur lui-même malgré des héritages semblables, alors que le christianisme et le catholicisme s’efforceront, malgré des forces contraires, à toujours maintenir le statut de la personne comme la garantie essentielle de toute liberté. D’où les discussions sur la grâce et la prédestination où tout se tient dans des logiques tragiques qui peuvent avoir des conséquences effroyables et dont la liberté humaine peur ressortir aussi magnifiée si la raison et le jugement savent garder l’équilibre que le cosmos lui-même recommande à l’intelligence de l’homme qui connaît ses limites et sa juste place. Impossible de résumer l’ouvrage qui aborde dans une seconde partie, peut-être encore plus riche, toutes les problématiques modernes des découvertes scientifiques, de l’intelligence artificielle et du transhumanisme. La liberté n’est pas au bout d’un raisonnement ; elle se vit.

Jean-Philippe Delsol est catholique ; il ne cache pas sa foi qui oriente sa réflexion et sa méditation. Resterait à ouvrir avec lui une « disputatio » sur le « libéralisme » catholique – il sait fort bien de quoi il s’agit ! – ; il n’empêche : quel ouvrage magistral !

 

 Civilisation et libre arbitre, Pourquoi l’Occident est différent, Jean-Philippe Delsol, Desclée de Brouwer ; 378 p. ; 18, 90€

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