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Cinémascope

On sait que Louis-Philippe se passionna pour Versailles, lança un chantier pharaonique, s’y plongea avec toute la fougue de l’architecte amateur qu’il était (un calcul a établi que 8% du temps de son règne y fut consacré). Avec lui, Versailles devint un musée dédié « à toutes les gloires de la France ».

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Cinémascope

En avril 1838, il commanda à Horace Vernet des tableaux pour la salle de Constantine. Le 18 mars 1842, le peintre présenta au roi la salle et ses quatorze toiles. Suivront la Prise de la Smala d’Abd-el-Kader, la commande de la décoration de la salle du Maroc (Vernet a installé son atelier dans la salle du Jeu de Paume, à Versailles, où il reçoit en 1845 une délégation de chefs arabes)…

La carrière de Vernet, né en 1789, petit-fils de Joseph Vernet qui peignit pour Louis XV les ports de France, épouse tous les soubresauts politiques de la France. Romantique convaincu, bonapartiste avisé (les scènes de bivouac se vendaient bien), proche du parti orléaniste quand il était dans l’opposition, acceptant les honneurs et les charges de Charles X, qui lui acheta sa Bataille de Bouvines, peinte en 1827 –nul doute qu’elle donna des idées à Louis-Philippe pour la galerie des batailles de son musée de l’Histoire de France –, Horace fut fidèle à Louis-Philippe jusqu’en 1848 (il peint en 1846 Le roi Louis-Philippe entouré de ses cinq fils sortant par la grille d’honneur du château de Versailles après avoir passé une revue militaire dans les cours, 10 juin 1837). On sent que les journées révolutionnaires firent vaciller sa foi progressiste puisqu’il signe une belle allégorie politique en 1850, Socialisme et Choléra, deux fléaux du XIXe siècle : le Choléra est un asiatique jouant de la flûte avec un tibia, le Socialisme est un squelette tenant un drapeau rouge, une faux lui servant de hampe. Vernet était aussi capable de rendre avec minutie et délicatesse les étoffes et les chairs, comme dans le portrait de Louise, sa fille, ou celui de la marquise Cunegonda Misciatelli, tous deux peints en 1830. Là, l’atmosphère est calme, les poses, sobres, la narration à peine présente. Il ne s’agit plus d’empoigner le spectateur pour le jeter dans le combat ou la chasse ou le forcer à admirer l’action diplomatique, juste de le plonger dans le repos de la contemplation.

Admirer les tableaux longtemps cachés par les cimaises des expositions temporaires

Mais Vernet est d’abord l’homme de la peinture démesurée, façon Le Brun et son Passage du Granique de dix mètres de long. Son romantisme s’épanouit dans un spectaculaire qui oblige à parcourir la toile pas à pas, à rentrer dans l’action, toujours décomposée en petites scènes. La Prise de la smalah d’Abd-el-Kader par le duc d’Aumale à Taguin, le 16 mai 1843 se déroule sur 21 mètres, avec une joviale férocité et un nombre conséquent de robustes stéréotypes (palanquins croulant, esclave noir nu et juif fuyant avec sa bourse) tout aussi crédibles que la gazelle immobile au premier plan. Qu’importe ? On se croirait au cinéma, dans un rapide traveling. Zouaves à Malakoff, en 1852, resserre l’action sur une seule explosion qui projette l’un des soldats vers nous, avec son fusil au tout premier plan, comme un effet 3D. Comme le dit Laurent Salomé, Directeur du musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, « mais que cette peinture est sincère et jubilatoire ! Elle est aussi naïve que brillante ».

On erre dans ces salles parquetées en admirant les tableaux longtemps cachés par les cimaises des expositions temporaires, car Vernet, exaltant le colonialisme et se vautrant dans l’exotisme, cherchant à frapper l’imagination plus qu’à faire œuvre d’ethnologue, n’est pas politiquement correct. Est-il vraiment odieux ? Non plus. On le sent plongé dans l’événement, comme lorsqu’il parcourait les champs de bataille pour en rapporter des croquis, étonné par ce qu’il voit, ravi du bruit et de la couleur, enthousiasmé par la ferveur populaire ou l’allant des soldats, chasseur d’images autant que chasseur tout court et jetant sur sa toile toutes les sensations qui l’avaient alors assailli, alors que la France paraissait dilater son destin au-delà de ses frontières.

 

Horace Vernet. Château de Versailles, jusqu’au 17 mars 2024.

 

Illustration : © château de Versailles, S. Giles

 

Portrait de la marquise Cunegonda Misciatelli, 1830. © Collection of The University of Arizona Museum of Art, Tucson ; Gift of Samuel H. Kress Foundation

 

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