À la page 221, vous trouverez la seule carte inexacte, qui est celle des victimes islamistes. L’actualité en la matière rend toute cartographie obsolète. La carte des prêtres assermentés en 1791, le croissant sud de l’influence huguenote au XVIe, le royaume de France vers 1350, en revanche, sont des données stables et certaines. Du patrimoine préhistorique à la carte de la francophonie (300 millions de francophones), Jean Sévillia dresse la panorama de la France. Les origines, le royaume, la nation, et demain ?… Demain, on ne sait pas. Comment dire ? À partir de la page 196, ça devient flou. L’Europe parle à 27 voies – et on nous donne les cartes du vote de 29 mai 2005, qui consacrait le rejet de l’Union européenne, le suffrage universel est si boudé qu’on se demande si les élections ont un sens démocratique, l’immigration progresse en cent ans de manière évidente et constante – la délinquance aussi… –, le catholicisme devient fantomatique, et métropolitain. La toute dernière carte nous parle du coronavirus. L’histoire n’est pas finie. Mais quel est le sens de cet atlas ? Dire le réel. Inscrire les évolutions dans le territoire, c’est montrer les effets des politiques. On peut toujours imaginer une France merveilleuse (allez page 91 admirer la date des fortifications de Vauban), une Europe des républiques sœurs (p. 115), un empire français répandant le lait et le miel des droits de l’homme à la française, à coups de canons et de massacres, on se retrouve quand même avec une France exsangue en 1918 (p. 157), communiste en 1946, amputée de ses colonies, abstentionniste par dépit depuis 2017 et ruinée depuis sans doute bien plus longtemps. La carte nous dit le territoire. Les chiffres nous disent la décomposition. Jean Sévillia, comme d’habitude, fournit le matériau, sommant et trébuchant. Quels politiques s’en empareront ?

Jean Sévillia, Une histoire inédite de la France en 100 cartes. Perrin, 2020, 240 p., 27 €.