Tribunes
Que faire ?
Adieu, mon pays qu’on appelle encore la France. Adieu.
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Dans son livre L’écologie ou l’ivresse de table rase, la philosophe Bérénice Levet dénonce avec force le « totalitarisme vert » des nouveaux écologistes et plaide pour une écologie « des sens et de la gratitude ».
Bérénice Levet s’attaque, avec courage, après La Théorie du genre ou le monde rêvé des anges, Crépuscule des idoles progressistes, Libérons-nous du féminisme ! et Le courage de la dissidence, à une autre entreprise de déconstruction de notre civilisation occidentale : l’écologie, qui veut faire table rase des racines de notre civilisation : « Il ne me déplairait pas que ce livre soit lu comme un hymne à notre civilisation ».
Simone Weil, dans cette citation, nous fait déjà remarquer une évolution perçue depuis quelques décennies : « On croit couramment qu’un petit paysan d’aujourd’hui, élève de l’école primaire en sait plus que Pythagore, parce qu’il répète docilement que la terre tourne autour du soleil. Mais en fait, il ne regarde plus les étoiles. Et le soleil dont on lui parle en classe n’a plus aucun rapport avec celui qu’il voit dans le ciel »…
Bien d’autres citations de Giono, Colette, Victor Hugo, Hannah Arendt, Bernanos que nous offre Bérénice Levet, pour guider notre réflexion, rendent ce réquisitoire très varié, en faisant appel à ces personnalités, philosophes, écrivains, qui ont dénoncé ce règlement de compte civilisationnel. « Le sauvetage de la planète est érigé en tribunal de l’inquisition », pour faire des populations formatées des « bataillons de petits soldats verts bien dociles »…
Les écologistes ont acquis une autorité exorbitante, un pouvoir d’influence considérable dans la société : conseils municipaux, médias, écoles, universités, administrations, entreprises, etc. , par la stratégie mise en place par le GIEC et par bien d’autres structures : Bérénice Levet présente tous les protagonistes : la génération post-1989, les écologistes chargés de mission du nouveau monde, et les cyniques précisant : « Nous n’avons pas peur des ruines, nous qui portons dans nos cœurs un monde nouveau ».
Les écologistes sont les promoteurs et bâtisseurs d’une France identitaire et diversitaire, avec des outils tels le grand récit intersectionnel et l’international woke, la novlangue, la cours de récréation dégenrée, entre autres : ceux qui mènent cette croisade contre l’homme, « voudraient entendre sonner la fin de l’exception humaine. » L’homme doit admettre qu’il est un vivant comme les autres. Bérénice Levet nous livre une analyse détaillée du monde rêvé des écologistes et se pose la question du moment où il sera question de l’homme lui-même : elle nous propose une autre écologie, écologie de l’autolimitation, de la gratitude, une écologie conservatrice. Certes, précise-t-elle, « je n’entends nullement nous exonérer de toute responsabilité : le modèle de développement initié par la révolution industrielle se révèle mortifère et pour la terre et pour les hommes, et l’on ne saurait en aucune façon se satisfaire du monde comme il va. »
Notre philosophe qui n’en reste heureusement pas à ces analyses et constats, à ce procès du christianisme : « L’homme a été créé à l’image de Dieu […] Toutefois, le Créateur confie aux hommes le monde dont il est l’architecte, Il les institue dépositaires, gardiens de la Création, et non propriétaires. Les hommes ont le devoir de conserver le monde en sa beauté et de l’accroître ». Et les politiques ? « L’écologie est de gauche. La chose serait entendue ». Et pourtant, comme pour les femmes, les premières mesures en faveur de la nature émanent de gouvernements de droite.
Cet ouvrage, comme ceux cités au début, à lire et faire lire, notamment aux jeunes, aux étudiants, et à ceux dont le cerveau est lavé sur ces questions, nous offre une réflexion profonde et précieuse : « La France est seule, absolument seule capable de concevoir un autre monde que celui-ci ». Mais, « il ne s’agit pas de céder à quelque vanité hexagonale, mais de connaître notre histoire et de nous en servir comme d’un levier pour prendre au sérieux et en charge le tourment écologiste, sans verser dans les chimères de idéologues. »