Civilisation

Le clavier bien transcendé de Nimrod Borenstein
Le dernier CD du compositeur britannique célèbre l’instrument-roi avec panache et jubilation, depuis la suite pianistique jusqu’au concerto avec orchestre.
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Un prince arménien, mais fier d’être français, a quitté la scène mais restera présent de par son humanité inscrit dans nos terres. C’est le 1er octobre qu’il a tiré sa révérence.
Il était une fois un “Petit Prince” arménien qui rêvait de chanter avec un petit dixième de glotte tout en obtenant une étendue musicale de près de trois octaves, à l’image d’un chanteur classique, malgré le brouillard qui voilait son timbre.
Il décida de découvrir toutes les planètes de l’univers. Il devint le page d’Edith Piaf, l’écrivain de Gilbert Bécaud, il apprit à un allumeur de réverbère à ne jamais éteindre une lumière braquée sur lui, et persuada un homme de l’Air à l’emmener au bout de la terre.
Il nous fit savoir qu’hier encore on avait vingt ans en Bohême et que Venise n’était pas toujours heureuse. Et pourtant la vie était formidable, les comédiens, pouvaient être des magiciens éternels et que désormais on ne pourrait jamais plus se consoler du départ de sa mama. Il nous apprit aussi qu’apprivoiser un renard est un art difficile, mais une fois réussi, il se transforme en amitié indéfectible ; ainsi fut le renard, ainsi fut le public durant plus de 70 ans.
Sa collaboration artistique avec les grandes voix de notre temps est bien le signe de son appartenance à la grande cohorte des interprètes prestigieux, Luciano Pavarotti, chante avec lui l’Ave Maria de Gounod, en 1995, il joue avec le célèbre violoncelliste russe et ami Mstislav Rostropovitch pour inaugurer la présidence française de l’Union européenne et interprète de nombreuses œuvres avec le ténor espagnol Plácido Domingo.
Le petit prince arménien n’oublia jamais que la France fut son pays d’adoption et n’hésita pas à déclarer :
Je suis devenu Français d’abord, dans ma tête, dans mon cœur, dans ma manière d’être, dans ma langue… J’ai abandonné une grande partie de mon arménité pour être Français… Il faut le faire. Ou alors il faut partir.
Mais l’histoire est cruelle et sa fidélité envers son pays d’origine fut exemplaire et effective.
Il ne cessa d’apporter son soutien à l’Arménie de par ses chansons, et sa fondation, Aznavour pour l’Arménie. Sa chanson Pour toi Arménie (1989), suite au terrible séisme que subit ce pays frère fut enregistrée avec la collaboration de plus de quatre-vingts artistes.
De surcroit, en 2014, il entreprend, pour ses 90 ans, une tournée mondiale qui passe par Israël, l’Arménie, l’Allemagne, le Royaume-Uni, la Pologne, l’Espagne, l’Italie, les États-Unis, la Russie, la Suisse, la Belgique et le Canada. Le 12 mai, lors de son concert à l’Opéra d’Erevan en Arménie, sont présents le président arménien, Serge Sargsian, et le président de la République française, François Hollande.
On se souviendra longtemps de son duo à Bercy, avec Johnny Hallyday, Sur ma vie. Leurs vies à tous deux nous manquent.
A contrario de nombreux artistes, dits engagés et toujours la larme compatissante et intéressée, il lance un appel le 25 août 2014, pour venir en aide aux communautés chrétiennes et kurdes persécutées au Moyen-Orient et propose de les accueillir dans les villages français, « qui ont besoin d’être repeuplés ». Charles Aznavour était de religion chrétienne apostolique arménienne.
Pendant ses soixante-dix ans de carrière, Charles Aznavour a enregistré plus de mille-deux-cents chansons interprétées dans huit langues différentes.