Civilisation
Vauban pour toujours
1692, le duc de Savoie franchit le col de Vars, emporte Embrun, puis Gap. Louis XIV demande à Vauban de fortifier le Queyras.
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L’entreprise est aussi évidente qu’inactuelle : prouver que la foi catholique n’a rien d’irrationnel et même que tout exercice correct de la raison doit amener à la considérer comme la vérité. Bref, Matthieu Lavagna a écrit un traité d’apologétique.
La première partie, rigoureuse et un tantinet austère, démontre rationnellement que le monde a commencé, qu’il ne saurait être éternel, qu’il a une explication et une cause externe à lui-même, cause incausée, qui est Théos. Rien de très neuf, mais si : l’auteur utilise autant la philosophie analytique anglo-saxonne contemporaine que les acquis les plus sûrs de la physique contemporaine pour avancer une double démonstration logique qu’aucun fait physique ne peut contredire – mais qui heurte profondément notre culture française philosophique et scientifique, qui prétend à l’universalité mais nous est en fait étroitement circonscrite. La seconde partie défend le christianisme sous l’angle de sa vérité historique (la fiabilité du Nouveau Testament) et de sa cohérence interne, la troisième est un catalogue des controverses actuelles sur le catholicisme, le titre de la quatrième, « Signes et miracles confirmant la vérité de la foi catholique », dit tout.
Autant la première partie est enthousiasmante par l’intelligence et la culture qu’elle manifeste, le brio des preuves logiques, l’alliance heureuse entre exercice de la raison et données scientifiques, autant la deuxième introduit ce qui se révèle être une faiblesse : il s’agit moins d’une apologétique destinée à convaincre l’incroyant que d’un discours tendant à confirmer le croyant dans ses convictions. Certes, ce catalogue des controverses (qu’il s’agisse de l’historicité du Christ ou de la nécessité des prêtres) est très utile mais la plupart des arguments, s’ils viennent renforcer une foi qui ne se borne pas au sentiment – précieuse leçon ! – et aider à la défendre ne peuvent entraîner l’adhésion de l’incroyant. Le dernier chapitre, entre miracles eucharistiques et exposition des apparitions de Zeitoun, déconcerte : non pas qu’il s’agisse de remettre en cause tout miracle et toute apparition, mais en quoi, aujourd’hui, ces signes peuvent-ils réellement rationnellement convaincre l’athée ou l’agnostique ? Au mieux, ils suscitent le doute. Matthieu Lavagna croit et veut défendre, illustrer et répandre sa foi catholique. Son livre, brillant, riche mais un peu disparate, doit être réservé aux catholiques qui veulent se lancer dans l’arène et qui sauront, avec leurs sensibilités, piocher dans ce traité.