Le lecteur d’Éducation minimum est d’emblée plongé dans un aimable déluge de références qui, de « Mademoiselle » à « En cabriolet sur la corniche » en passant par « Léon Bloy, catholique sous amphétamines », « De Gaulle, l’illusionniste » et « Du Guesclin, coach en séduction », dresse le portrait d’une France qui s’efface mais qui, justement, résiste grâce aux deux auteurs qui n’ont pas de mots assez durs ni assez justes pour vomir « une France nulle en math mais qui court vite, une France Tacos-KFG, en claquettes chaussettes », abreuvée d’images immondes et de discours idiots. Une France déchue à laquelle ils opposent une France charnelle, faite de belle langue, d’exemples héroïques, de vérités redressées et de tendresse. L’écriture file vite, l’époque est là, avec son vocabulaire et son phrasé, mais subvertis avec goguenardise, le ton familier servant à exalter les vieilles gloires oubliées. La nostalgie se teinte parfois de colère, certaines références étonnent, qu’importe : c’est un grand inventaire farfelu et illustré de dessins subtils, un chosier bigarré mais cohérent, une mine à explorer, un effort constant pour analyser la culture populaire et en exprimer toute l’essence française.

Arnaud Florac et Romée de Saint-Céran, Éducation minimum. Magnus, 2023, 256 p., 21 €