Civilisation
Vauban pour toujours
1692, le duc de Savoie franchit le col de Vars, emporte Embrun, puis Gap. Louis XIV demande à Vauban de fortifier le Queyras.
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On vient de rééditer les chroniques que Louis Salleron a donné, six ans durant, à Carrefour, de 1968 à 1974. Mariage des prêtres, retour aux prétendues “sources”, modification du Credo, arianisme de l’Église de France, liturgie traditionnelle, adaptation au monde, ferveur démocratique… Tout a changé et rien n’a changé. Ce sont les mêmes “interrogations”, les mêmes idéologies, les mêmes aveuglements, les mêmes autoritarismes qui s’expriment et cherchent avec une fureur inquiète à réinventer et imposer une mythique Église des origines. Louis Salleron fut le témoin de toutes les expériences pénibles et péniblement avortées de ces années folles, auxquelles il opposa son intelligence, sa prudence, sa science et sa foi. La révolution pateline et cauteleuse des progressistes s’accomplissait sous ses yeux, il la décrivait, l’analysait, la pesait et la jugeait, s’efforçant de ne jamais accuser le pape, ultime rempart.
Lire le titre d’une chronique comme « À l’approche du synode : l’assaut contre le célibat des prêtres » (15 septembre 1971) est une expérience troublante. « La réduction du sacerdoce ministériel au sacerdoce commun des laïcs et le mariage des prêtres sont les deux objectifs poursuivis par les novateurs. » écrit Salleron. Ça n’a pas changé… Que se passait-il en 1971 ? Après avoir commenté la justification que l’ex-abbé J.-C. Barreau donnait à son mariage (terminant évidemment par une invocation à « faire évoluer cette mentalité pour ouvrir les voies de l’avenir »…), Salleron développait la position de l’Église, montrait l’utilisation tactique que les progressistes font des exceptions, rappelait le rôle d’une opinion publique instrumentalisée, expliquait que le pape Paul VI était certes « très attaché au célibat sacerdotal » mais qu’on « le [savait] non moins soucieux de laisser aux conférences épiscopales le maximum de pouvoirs. » Il esquissait ensuite des solutions, toutes de bon sens.
Sur tous les sujets qui sont encore les nôtres (traduction du missel (!), catéchisme, œcuménisme, définition de la messe, rôle des laïcs…), l’auteur part de faits avérés, en révèle le potentiel dangereux, bâtit une contre-argumentation, s’essaye toujours à distinguer ce qui pourrait être bon, fait confiance au pape et propose d’en sortir par le haut. La forme journalistique hebdomadaire est parfaite pour exposer la doctrine sans jamais tomber dans le traité et tire toute sa force d’une actualité vérifiable – encore aujourd’hui, ce qui n’est pas tant un paradoxe qu’un petit miracle : si tous les sujets sont encore sur la table, si les arguments généreusement donnés sont encore valides, n’est-ce pas que l’Église, providentiellement, s’est maintenue, toujours sur la crête, certes, mais vivante, et debout ? Louis Salleron, parmi d’autres, avait posé tous les jalons pour tenir bon et contribuer à retenir. Le lire ravive l’espérance.