Enfin un vrai et beau livre sur Albert Roussel et dont l’auteur est le chroniqueur musical de Politique magazine, spécialiste reconnu d’Albert Roussel et animateur-organisateur du festival annuel qui porte son nom.

Il faut bien l’avouer, le constater : rien de bien sérieux, de bien neuf n’avait été publié sur Albert Roussel depuis le petit livre – mais haut en couleurs ! – de Robert Bernard, aux Editions de la Colombe, en… 1948. Comme si l’auteur de Padmâvatî (1913-1918), de quatre magnifiques Symphonies (1904-1934), de multiples œuvres vocales ou ballets (Le Festin de l’Araignée) pouvait être absent du Panthéon musical français. Un des grands de la première moitié du XXe siècle avec Debussy, Ravel, Schmitt – superbe « quatuor » qui illumine le Temps de leurs trouvailles, de leur beauté.

Comme en ses précédents ouvrages, Damien Top commence par serrer la vie de près, y trouvant mille fécondes idées qui illuminent de l’intérieur les compositions de Roussel – les voyages, la mer, la danse, l’Extrême-Orient. Il en naît une prodigieuse fascination, que le compositeur intègre peu à peu, ça et là, dans ses ouvrages, leur donnant ainsi une ossature, une plénitude enviables – que ne savent pas toujours illustrer les compositeurs moins « visuels » – car c’est bien, je crois, une des grandes exigences de Roussel que de donner « à voir » au-delà de l’écoute. Il en naît un art de fiction, d’illusions sublimées par la rigueur du discours, fruit d’un homme qui fut, au départ, un… mathématicien.

On est heureux qu’une collection fondée en 2001 et qui approche aujourd’hui les 70 titres (du jamais vu en France !) ait permis à Damien Top de s’exprimer, de plaider la cause, de décrire l’œuvre « aere perennius » (eussent dit les Latins !) en un livre dense, clair, nourri de mille détails et pensées ; un livre généreux et qui fait date. J’aimerais pouvoir écrire cela souvent des ouvrages qui me passent dans les mains.

Albert Roussel, Damien Top, collection Horizons, Bleu Nuit éditeur, 176 pages, 20 €