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L’art de la guerre

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L’art de la guerre

Qui ne s’est pas émerveillé aux récits d’Alexandre taillant en pièces les Perses au Granique et de Napoléon imaginant la victoire d’Austerlitz ne doit pas lire Les Grands capitaines. Arnaud Blin ne parle que d’intelligence tactique, de goût de la logistique, de stratégies innovantes tirant le meilleur parti des nouvelles technologies. Il ressuscite Hannibal, présente le Mongol Sobodeï comme le Napoléon du tir à l’arc monté, raconte comment Jan Zizka, aveugle, réussit à gagner la bataille de Malesov tant il connaissait ses montagnes, et comment il inventa le wagon de combat au XVe siècle, manière de protoblindé, char à bœufs emportant plusieurs pièces d’artillerie. C’est un plaisir singulier de lire, à propos de la contre-offensive que Turenne mène en Alsace en 1674, que « tous les éléments constitutifs de la stratégie turennienne allaient converger dans une symbiose parfaite : l’audace, le renseignement, l’usage de stratagèmes, la désinformation, le mouvement, la vitesse, la surprise, l’économie des forces, la coordination. » C’est notre vocabulaire contemporain constamment et heureusement appliqué aux vieilles batailles et aux grandes figures. On admirait les hauts faits, on comprend ce qui les a préparés, et le génie singulier du capitaine n’en est que plus net. L’auteur n’en a choisi que quinze, selon un critère irréfutable : l’intelligence du rapport de forces. Quelles que soient les techniques, quels que soient les mérites, c’est toujours cette capacité à juger de ce qui se joue qui fait la victoire – et donc le grand guerrier. « L’autre talent, beaucoup supérieur », dit Frédéric le Grand dans ses Instructions militaires, à propos du “coup d’œil”, « est de savoir distinguer, au premier moment, tous les avantages à tirer d’un terrain. » Et c’est pourquoi on ne lira rien sur Baybars, qui fut l’égal de Saladin, ni sur Bélisaire ou Ulysses Grant, ni sur Hernan Cortés ou Shaka Zulu, ni sur Cromwell ou Rommel. Mais on redécouvrira avec bonheur Tamerlan, Nader Shah et Gueorgui Joukov, qui défit Hitler et que même Staline respecta – tant qu’il en eut besoin. Et on attendra avec impatience qu’Arnaud Blin nous donne quinze autres portraits.

Arnaud Blin, Les Grands capitaines, d’Alexandre le Grand à Giáp. Perrin, 2018, 432 pages, 24 €.

 

  1. On lira aussi, en utile rappel de ce que vaut la gloire, Les Grands vaincus de l’histoire, de J.-C. Buisson et E. Hecht, paru aussi chez Perrin : Charrette, Jeanne d’Arc et Vercingétorix y côtoient le Grand Condé et Hannibal.

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