Civilisation
Vauban pour toujours
1692, le duc de Savoie franchit le col de Vars, emporte Embrun, puis Gap. Louis XIV demande à Vauban de fortifier le Queyras.
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Ce livre est une véritable somme. C’est une vue complète sur les monarchies européennes au XXe siècle, avec une perspective sur le XXIe.
Tout commence par des cousinages étroits. Les empereurs et rois sont tous cousins, d’une manière ou d’une autre. Le Tsar de Russie Nicolas II ressemble à George V d’Angleterre comme deux gouttes d’eau. La reine Victoria est la grand-mère et l’arrière-grand-mère de presque tous les princes d’Europe, sinon les généalogies entrecroisent les parentèles Hasbourg et Bourbon dans toutes les branches, Espagne, Sicile, Parme, Orléans, où se tissent la trame des mariages et des alliances. Il y a, en outre, la réserve des princes allemands, Saxe-Cobourg-Gotha, Hohenzollern-Sigmaringen, la branche catholique des Hohenzollern, Oldenbourg et Danemark qui ont fourni, qui pour la Belgique, qui dans les Balkans et en Grèce, au fur et à mesure des nécessité, des dynasties nouvelles. Quand elles ont réussi leur implantation, elles se sont toutes nationalisées. C’est la grande caractéristique de ces royautés : quelle que soit leur origine – souvent étrangère et très souvent allemande –, elles incarnent vite la nation avec laquelle elles se sont identifiées, à quelques très rares exceptions près.
La famille d’Angleterre, Hanovre d’origine et Saxe-Cobourg, tient à supprimer toutes ses attaches allemandes : elle prend pour patronyme Windsor. Pas plus anglais que la famille d’Angleterre, mis à part Edouard VIII qui eut le bon goût d’abdiquer pour épouser sa Simpson et fraya quelque peu avec le nazisme. George VI, son frère, dans la suite de son père George V, fut le premier des patriotes d’Angleterre. Les reines, leurs épouses, étaient taillées dans la même eau.
Ils étaient donc tous parents en 1914 ou quasi ; ils se connaissaient tous, s’appelaient par leurs prénoms ou leurs surnoms, s’écrivaient des lettres aimables et tendres, se recevaient dans des dîners de gala, à l’occasion de mariages, faisaient des croisières sur leurs yachts jusqu’en 1914 ! Et puis… l’enchaînement fatidique. Pourquoi ? Quel gâchis ! L’obstination de François-Joseph, trop éprouvé, trop sûr de sa droiture ; Guillaume II trop fantasque et trop dépendant de son état-major… Les dès sont jetés. De misérables comploteurs ont réussi à déclencher la guerre des rois. Guerre internationale, cette fois, mondiale ! Le pauvre Tsar, trop isolé et trop faible, ne sera pas récompensé de sa fidélité à ses alliés.
Il n’est pas possible de résumer ce livre passionnant qui vous apprend tout ce qu’on peut savoir des plus grandes monarchies, comme des moindres, dans ces périodes terribles où les caractères se révèlent : quelle grandeur chez un Albert de Belgique ! Jean des Cars aborde en particulier et de près – étant singulièrement renseigné sur ce sujet – les tentatives de paix de l’empereur Charles et de l’Impératrice Zita, tentatives qui sont toutes à leur honneur pour l’histoire et pour l’éternité. Charles n’avait pour lui que sa bonne foi, son sens de la charité, ce qui dans le monde moderne relève d’une certaine naïveté. La France de Ribot et de Clemenceau lui fut violemment hostile. Il paya cher, très cher : c’est à pleurer de méchanceté et de bêtise.
Ne parlons pas de la paix qui ne posa que les prémisses de la logique qui devait conduire à la deuxième guerre mondiale : guerre des peuples, guerre des idéologies, guerres des fanatismes. Au milieu des incertitudes apparaissent encore de belles figures, celles des Michel de Roumanie, des Siméon de Bulgarie et toujours en Angleterre d’Élisabeth.
Au fond que demande-t-on à un roi ? D’être roi, vraiment roi. Et à une reine, pareillement. Et aux princes et aux princesses ? D’être ce qu’ils sont. Les peuples attendent. Jean des Cars ne désespère pas des monarchies. C’est un beau et noble livre qui donne beaucoup à comprendre et à réfléchir.