Civilisation
Vauban pour toujours
1692, le duc de Savoie franchit le col de Vars, emporte Embrun, puis Gap. Louis XIV demande à Vauban de fortifier le Queyras.
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Voilà un livre qui n’aura pas de mal à trouver son public. Nous avons tous, peu ou prou, la curiosité ou la passion éveillée par la plupart des sujets qu’il traite : du face à face de Vercingétorix et César à Alésia, à celui de Massu et de Gaulle à Baden-Baden en mai 68, ils jalonnent l’histoire de France. Vingt épisodes dont même les plus anecdotiques ont marqué les esprits, confiés à autant de spécialistes qui font le point, ou du moins mettent les points sur les i pour nous permettre d’y voir clair. Par exemple, Jean-Clément Martin paraissant « réhabiliter » Robespierre, « un monstre bien utile », montre que la Terreur a eu bien d’autres responsables, qui, en faisant de l’Incorruptible un bouc émissaire, surent habilement se dégager. Sur Jeanne d’Arc et sur Louis XVII, les brillantes synthèses de Me Trémolet de Villers et de Philippe Delorme éveilleront bien des échos chez nos lecteurs. Liquidant les faux mystères de Rennes-le-Château, Jean-Jacques Bedu cite Octave Mirbeau : « Le plus grand danger de la bombe est dans l’explosion de bêtise qu’elle provoque… » On pense aussitôt à certains « complotismes », mais Alain Demurger montre, dans un tout autre contexte, que la déflagration n’a pas épargné l’image historique des Templiers, « sottisier bien garni ». La science contemporaine apportera peut-être des solutions à des énigmes longtemps insolubles : l’utilisation de l’ADN a permis d’identifier « l’enfant du Temple », mais, selon Éric Anceau, n’a fourni que des indications partielles sur la naissance de Napoléon III. Car bien des événements rapportés dans ce livre risquent de demeurer longtemps mystérieux : qui se cache derrière l’assassinat d’Henri IV ? L’arrestation de Ravaillac n’a pas répondu à toutes les questions. Qu’y avait-il entre Mazarin et Anne d’Autriche ? Passion amoureuse ou passion partagée de la politique ? Ou les deux ? Thierry Sarment laisse chacun rêver sa propre réponse… Par contre, c’est sans ambiguïté que Jean-Christian Petitfils, qui s’est réservé le sujet, nous donne l’identité du Masque de fer, et Thierry Lentz, napoléonologue bien connu, a peu de mal à préciser qui a fait fusiller le duc d’Enghien. En revanche, si Alain Pagès parvient à montrer que c’est un fumiste « nationaliste » qui a provoqué l’asphyxie d’Emile Zola, il ignore si le fumiste ne s’est pas contenté de vouloir… l’enfumer. À l’image des mystificateurs aux motivations les plus diverses qui, à toutes époques, se sont plu à créer des « rideaux de fumée » historiques, avec le résultat assuré d’enflammer nos imaginations !