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Il est de la belle et bonne littérature et qui nous incite à la sainteté

Voici l’Avent, le temps de se retirer au désert, machicotent nos cantiques… Entrons donc dans un vrai désert, en compagnie d’une petite soudanaise de 7 ans, enlevée par des négriers arabes, l’héroïne du dernier roman de Véronique Olmi, Bakhita

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Il est de la belle et bonne littérature et qui nous incite à la sainteté

Cette esclave a tellement souffert qu’elle en a oublié son nom, que nous ne la connaissons que par le surnom que lui ont donné ses ravisseurs : Bakhita, « la chanceuse » en arabe. Comme si ces brutes avaient eu le don de prophétie ! Parce que Bakhita survivra à tout, sera affranchie, baptisée, entrera dans les ordres, et deviendra sainte Joséphine Bakhita, déclarée patronne du Soudan par Jean-Paul II en 1995.

Il s’agit pourtant bien d’un roman, touffu, puissant, passionnant. Bakhita a raconté une part de sa vie à une professionnelle, qui en a fait une Histoire merveilleuse (1931). Véronique Olmi a voulu revenir « à ce que l’on vit à l’intérieur de soi », à cette vérité qu’il faut inventer, mettre au jour. La littérature seule peut inventer la « vraie vie », comme le pensait Proust. Elle s’est donc imaginée dans la tête, dans le cœur de cette enfant, elle s’est mise en route avec elle. Elle a inventé son univers, elle a fait renaître un monde.

D’abord révoltée, Bakhita découvre, en consolant une enfant misérable, qu’elle doit accepter d’être une esclave, si elle veut survivre : sans rien connaître du Dieu Père, elle accepte que sa Volonté soit faite. Épuisée, elle s’éveille un matin, et sent que la vie est d’une beauté insoutenable. Elle-même est belle, mais ne le sait pas. Ce sont les enfants qui le savent en venant à elle, tant elle est mère, à l’image de sa mère perdue qu’elle aimera jusqu’au bout. À sa suite, on découvre que nos sacrifices les plus difficiles ne sont que paille. Avec elle, on apprend que les horreurs de la déportation ne sont qu’une reprise plus perverse d’horreurs immémoriales. Avec elle aussi, on apprend que la vie recèle des forces incroyables, au sens propre, qu’il est impossible de seulement imaginer.

Une des scènes les plus émouvantes, celle où le consul qui va l’affranchir accepte de l’emmener avec lui en Italie, est inventée par Véronique Olmi ; pourtant la beauté de cette scène dit plus sur l’humanité de cet homme, sur le mystère de la Providence, que ne feraient des chapitres d’analyse ; ces pages 185-186, parmi des dizaines et des dizaines d’autres tout aussi réussies, sont un exemple accompli du génie de l’écrivain – de son ingenium.

Le cœur du livre pourrait être la découverte du Christ en croix : quand, devenue jeune fille, Bakhita reçoit un crucifix de son protecteur, elle comprend que ce crucifié est mort en esclave. Le donateur dit qu’elle en est « illuminée ». Ce n’est peut-être pas aussi simple, l’auteur nous dit seulement qu’elle prend possession de ce secret, qu’elle devine « une porte » qu’elle ne sait pas ouvrir. Nous imaginons qu’un jour Quelqu’un l’ouvrira pour elle.

Ce livre est une fiction d’une vérité bouleversante. On en sort avec le désir d’être un saint, même si le plus grand chagrin reste de savoir qu’on n’en est pas un, comme se plaignait Léon Bloy.

Un autre chemin de sainteté nous est proposé par un prédicateur poète. François Cassingena-Trévidy publie un nouveau recueil d’homélies, La voix contagieuse (éd. Tallandier). Ce moine écrivain est essentiellement poète, si essentiellement qu’il pense que le monde est poésie, que le Verbe est poésie, c’est-à-dire création avec les mots. Mais il est poète avec une telle humilité, qu’il ne pense pas que c’est lui, le poète, qui crée avec les mots, mais que c’est en laissant les mots entrer en lui, jouer, travailler dans son âme comme un bois vivant, que c’est ainsi qu’on laisse entrer la Parole créatrice dans le temple intérieur, qu’on lui ouvre son cœur. S’il monte en chaire, c’est pour inviter ceux qui l’écoutent à tenter cette œuvre avec lui.

Nouveauté totale d’une telle prédication aujourd’hui, qui n’en est pas moins d’une antiquité vertigineuse, puisqu’elle s’écoule de la source des psaumes et des prophètes. Le père François saisit un mot du texte du jour et nous fait entendre les échos infinis qui résonnent d’un bout à l’autre de la Bible, qu’il connaît avec la même intelligence cordiale qu’un Bossuet. Alors, les mots deviennent en nous eau souterraine, source de vie.

Illustrons cela par un survol – ridicule et claudiquant – de l’homélie du 4e dimanche de l’Avent (année C). Marie se leva et monta hâtivement pour rendre visite à sa cousine (Luc 1, 39 ). « Et ces jours-là redevenaient genèse, […] remontaient le temps, rien que parce qu’elle montait. » – Les familiers de l’Écriture se souviennent que la Création commença quand « une source monta de la terre » (Genèse 2, 6). – Les psaumes, Isaïe, sont ensuite convoqués pour éveiller les montées, les collines, les bondissements. Puis parle la Sagesse, « plus agile que tout mouvement » (Sag. 7, 24), qui met en nous « le mouvement et l’être » (Act. 17, 28). N’est-ce pas elle dont les anges disent aux saintes femmes venues au tombeau : « elle n’est plus ici, elle s’est levée » (Luc 24, 5-6) ? Elle s’est levée comme la fiancée du Cantique, « elle fuse, cathédrale », « elle est l’éclaireuse de tout un peuple qui décampe »… Marie, emportée par « la voix du Seigneur », entre, salue Élisabeth, et « l’enfant gambada dans son ventre ». Parce que « la voix est la préface de la chair […] la voix de la mère, préludant à la chair du Fils, est en somme la toute première incarnation du Verbe. » « La voix, […] de Porte à portes, de la Porte du ciel aux portes de la terre, […] colporte l’Esprit. […] Une voix de femme, ici, entonne, amorce, accélère le moutonnement des collines et l’accouchement du Siècle nouveau. »

Il y a du Péguy dans ce prédicateur, il y a de l’air, un souffle, celui du Vent, fort et léger, de la bise qui émeut les feuilles. Il faut, en l’écoutant, monter vers les verts pâturages – en l’écoutant, parce que « les oreilles mêmes sont des brebis », puisque « les brebis écoutent ma voix, […] suivent la voix, […] marchent à l’oreille. »

Je m’en voudrais de ne pas citer la fin. Pascal croit « au Dieu d’Abraham, au Dieu d’Isaac, au Dieu de Jacob » (Ex 3, 15) ; le père François en exulte : « Pensez donc ! des hommes sont les titres nobiliaires de Dieu ! Des hommes sont les compléments du Nom de Dieu ! Oui, Dieu n’est pas entier s’il n’est le Dieu des hommes, et de tel et tel. »

Tout un trésor de trouvailles, de bonheurs, sont mis à portée des mains qui prendront le livre, le feront monter sous les yeux…

Bakhita - Politique Magazine

Bakhita
Véronique Olmi, Ed. Albin Michel, 22,90 €

 

La voix contagieuse - Politique Magazine

La voix contagieuse
Père François Cassingera-Trévedy, Ed. Tallandier, 13 €.

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