La Grande Sauterelle doit être bien triste, le Pacha du Cinoche populaire, le Professionnel de la pellicule est parti rejoindre son vieux pote Audiard. Il était peu apprécié par les Barbouzes de la critique, dite cinématographique, et par les intellos qui n’hésitaient pas à se prendre pour des Tontons Flingueurs dans leurs articles rédigés à son encontre. Lui, il préférait rester avec Quelques messieurs trop tranquilles qui ont fait la gloire du cinéma populaire. Tous Les Bons vivants qui l’entouraientn’avaient Pas de problème pour jouer et rejouerdans ses films, pour preuve Mireille Darc, resplendissante Galia aux beaux Seins de glace, participa à 13 de ses films.
Il a emmené dans sa Valise les secrets de son art : la minutie avec laquelle il cadrait ses acteurs, parfois sous forme de portrait classique et la technique du champ/contrechamp dont il était devenu un expert. Inspiré par les grands metteurs en scène américains d’Hollywood et surtout par Alfred Hitchcock, sa signature était dans le tempo et le montage rigoureux de ses films. Il n’est plus Sur la Route de Salina, il vient d’emprunter le dernier grand escalier éclairé par de célestes projecteurs, accompagné par un requiem d’Ennio Morricone.
Là-haut, le Paradis ressemble à une petite cuisine, où Lino Ventura et Francis Blanche tartinent des « sandouiches » en compagnie de Bernard Blier et Jean Lefebvre. Il est l’Invité surprise de la bande mais loin d’être Un inconnu dans la maison. Robert Dalban, qui a revêtu sa veste blanche et rangé son colt, lui ouvre la porte et l’accueille avec un sonore « Yes Sir ». Il n’est pas venu pour toucher au grisbi, mais pour déguster une boisson d’homme au goût de pomme et de betterave qu’une polonaise prenait à son petit déjeuner. Il a retrouvé ses potes qui nous manquent tellement. Georges ne mangera pas Les Pissenlits par la racine mais, il continuera dans les rediffusions de ses films à nous offrir de nombreuses Fleurs d’oseille. Georges Lautner est mort le 22 novembre 2013 à Paris.