Si les opposants à la loi instituant un mariage homosexuel continuent de subir une répression démesurée, d’autres personnes souffrent également des ordres à caractère politique donnés à la police. Quand l’exécutif joue avec le feu…
Dimanche 23 juin : à l’issue d’une manifestation devant la préfecture de police de Paris pour protester contre l’incarcération de Nicolas Bernard-Buss (dont la peine a été muée le 9 juillet à 3000 euros d’amende, après trois semaines de prison…), la foule se dispersait vers le quartier Saint-Michel. Deux jeunes filles du mouvement des ‘Salopards’ (qui effectuent des actions habillés en salopette rose) rentraient chez elles. Une discussion s’engageait, durant laquelle elles expliquaient qu’un policier en civil était venu les voir sur le lieu du rassemblement, leur demandant ce qu’elles faisaient là, cherchant à savoir si elles avaient préparé un « flash-mob » (une action de rue dansante). Puis il était reparti comme il était venu… « On se fait souvent contrôler », ajoutaient-elles. Du simple contrôle d’identité à la garde à vue, certains des opposants les plus actifs à la loi Taubira ont subi plus de trente interpellations en quelques mois.
Une crainte savamment distillée
Par grappes, une centaine de jeunes descendait vers le quartier Saint-Michel et le 7ème arrondissement avec leurs drapeaux. Aussitôt, des dizaines de cars de CRS se mettaient en branle pour les contrer. A la nuit tombée, on pouvait voir une armée de gendarmes mobiles remonter une rue en direction des Invalides tandis que – à cent mètres de là – un défilé ininterrompu de camionnettes pleines de troupes allait en sens inverse, devant quelques spectateurs médusés. Un agent habillé en civil téléphonait à sa hiérarchie : « C’est parti un peu partout. Ca s’est débandé… ». Ridicule de la situation, si elle ne montrait les efforts effrayants d’un pouvoir qui met sa police en état de guerre pour mâter des opposants pacifiques à une loi.
Scandalisée au vu du bouclage soudain de son quartier par les forces de l’ordre, une dame descendait de son immeuble. La conversation s’engageait. La femme était très précautionneuse. Elle semblait avoir participé aux grandes manifestations. Mais elle n’osait trop parler, par crainte d’avoir affaire avec un policier en civil. Prudente, elle finissait par lâcher : « ils veulent nous faire peur ».
Le mot était lâché. Depuis quelques mois, le gouvernement semble détourner une partie des forces de l’ordre à des fins autres que le maintien de l’ordre. Et les opposants au ‘mariage gay’ – qui continuent d’en subir les foudres (voir cette vidéo http://www.youtube.com/watch?v=mNHemGfuOb4 ou celle-là http://www.youtube.com/watch?v=Kl-jBp7kI-k) – ne sont pas les seuls visés. Ainsi, des membres d’un groupe identitaire du sud de la France, la « Ligue du Midi », ont porté plainte contre la police départementale et saisi l’Inspection générale de la police nationale.
Les préfets du gouvernement en cause
L’histoire se déroule à Montpellier, le 16 mai dernier. Le président de la « Ligue du Midi » est convoqué au commissariat de la ville pour répondre du lancer de crottins de cheval sur le siège local du parti socialiste, après la divulgation de nouvelles affaires de corruption politique. Le secrétaire départemental du PS a en effet porté plainte. Un petit comité de soutien se rassemble
silencieusement devant le commissariat, qui a été prévenu deux jours plus tôt par le président du groupuscule identitaire.
Tandis que celui-ci est auditionné dans les locaux des forces de l’ordre, des agents sortent et s’en prennent physiquement à la troupe restée dehors : clés de bras, prises à la gorge, écrasements des mains etc. Puis le groupe de policiers, « complètement surexcité » selon des témoins de la scène, se place progressivement en retrait sans mener la moindre interpellation. Cette
agression aurait fait suite à un coup de téléphone donné par le responsable local du parti socialiste au préfet ; une sortie punitive filmée (http://www.youtube.com/watch?v=yQlz5ID5okw) qui se soldera par des interruptions temporaires de travail pour deux membres de la ‘Ligue du Midi’.
Dans la même préfecture, à Lattes (18 000 habitants), début juin, le maire Cyril Meunier a été embarqué par la police pour avoir tenté de s’opposer à l’installation soudaine de deux cents caravanes de gitans sur une aire de la commune. L’homme, qui avait demandé aux services municipaux de bloquer l’accès avec des pierres, était prêt à inonder le terrain en utilisant les vannes de la ville construites sur les lieux, comme ses pouvoirs municipaux le lui permettent. La préfecture lui aurait signifié qu’il commettait un trouble à l’ordre public.
Ces évènements se doublent d’une exceptionnelle clémence envers des groupuscules d’extrême-gauche violents. Depuis que le ministre de l’intérieur en personne a déclaré que l’on ne pouvait pas mettre sur le même plan « ceux qui combattent le fascisme » et les mouvements nationalistes, les violences se sont multipliées : siège d’un local identitaire à Tours avec menaces de mort par plus de cent personnes, attaque en pleine rue de trois étudiants membres du syndicat de droite UNI à Lille, destruction d’une librairie catholique à Nantes, agressions de plus en plus marqués contre les veilleurs silencieux dans plusieurs villes de province… Un sentiment d’impunité qui – au regard des déclarations de Manuel Valls – révèle une utilisation de fait de ces mouvements.