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Le PC et l’Algérie : la grande récupération

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Né en Algérie, dont il deviendra le spécialiste reconnu, l’historien et écrivain Jean Monneret, dut s’exiler en métropole avec sa famille, avant de se consacrer à sa carrière d’enseignant et d’entreprendre des études de langue arabe. Depuis 1987, il a publié de nombreux ouvrages sur la Guerre d’Algérie en jetant sur elle un nouvel éclairage, notamment sur la période méconnue qui a suivi le cessez-le-feu du 19 mars : la fusillade de la rue d’Isly, les enlèvements d’européens par le FLN et le massacre de dizaines de milliers de Harkis.

La vertu de la première partie de ce dernier ouvrage est de reprendre la genèse et l’évolution de l’insurrection en soulignant que les massacres ne sont pas l’apanage d’une armée cruelle et d’une poignée de pieds noirs fanatiques. Pour chaque évènement tragique, Jean Monneret, met en parallèle, chiffres et témoignages à l’appui, la responsabilité des uns et des autres.

Il ne manque pas de mettre en évidence les difficultés que rencontraient l’armée dans son combat imposé par un gouvernement erratique, et la terrible violence à laquelle elle était confrontée. Non, tous les officiers n’étaient pas des bourreaux et nombre d’entre eux se sont déclarés ouvertement contre la torture, tel Hélie de Saint-Marc.

L’objet principal de son étude porte sur les relations entre le PCA, ancienne section algérienne du PCF, créé en 1936, et les forces indépendantistes FLN, ALN et GPRA. Au PCA, on trouve des militants majoritairement européens, intellectuels, petits-bourgeois et ouvriers, fascinés par l’internationalisme, tous très méfiants à l’encontre des nationalistes autochtones, dont ils ne perçoivent pas la dimension religieuse.

La direction communiste, strictement bureaucratique au début de l’insurrection, condamne le terrorisme. Elle réprouve les attentats individuels en privilégiant des manifestations de masse. En fait, les communistes veulent prendre le train en marche, tandis que le FLN, lui, pilote la locomotive. Ironie du sort, les communistes d’hier continuent à vouloir s’accaparer la libération de l’Algérie de l’odieux joug colonialiste, alors que, de l’aveu des insurgés eux-mêmes, ils les ont plus gênés que véritablement soutenus.

Au-lendemain de 1957, le Parti Communiste a pratiquement cessé d’exister. En 1964, le Chef du nouvel Etat, Ahmed Ben Bella interdit et dissout le PCA !

La dernière partie consiste en une enquête sur la mort Maurice Audin. Ce dernier, brillant mathématicien, est né d’un père, chef de la brigade de gendarmerie de Beja, dans le protectorat français de Tunisie. Maurice Audin avait été reçu docteur ès sciences, avec mention « très honorable ». Avec son épouse il militait pour l’indépendance de l’Algérie et depuis 1951 avait adhéré au Parti communiste algérien.

Lors de « La bataille d’Alger », menée par le Général Massu et sa 10° Division Parachutiste, Maurice Audin est arrêté à son domicile le 11 juin 1957, puis transféré vers une destination où il est assigné à résidence. Le 1er juillet, on apprend à son épouse, Josette, que Maurice Audin a disparu lors de son évasion, au cours d’un transfert. Mais selon son camarade Henri Alleg, arrêté après lui, Audin est mort au cours d’un interrogatoire suite à des tortures. L’affaire Audin débute. Sa femme depuis lors est en quête de vérité et a fondé le Comité Audin.

Dernièrement, le journaliste Jean-Charles Deniau a publié La vérité sur la mort de Maurice Audin, après avoir recueilli et enregistré les aveux du général Paul Aussaresses, ex-responsable des services de renseignements à Alger. Jean Monneret, reprend dans son ouvrage l’enquête du journaliste et l’analyse point par point avec minutie, pour mettre en doute certaines affirmations.

Histoire cachée du Parti communiste algérien, de Jean Monneret, Edition Via Romana, 176 Pages, 18 €

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