L’islamisation galopante de la France est de plus en plus ressentie par l’opinion comme un phénomène majeur et lourd de menaces. Elle comporte une multitude d’aspects : en témoignent l’impressionnante abondance d’ouvrages qui lui sont consacrés – et la diversité de leurs approches.
« Heureux comme Dieu en France » : ce proverbe allemand d’origine yiddish illustre bien l’attraction qu’exerçait jadis notre pays sur les ghettos d’Europe centrale. On aurait tort de n’y voir que le prestige de la Révolution. Depuis des siècles, la France était considérée comme une terre de liberté et de sécurité, séduisante image parachevée par la douceur du climat et la beauté des paysages.
Aujourd’hui, le magnétisme subsiste, mais s’exerce principalement sur les anciens peuples colonisés qui ont « goûté » à la France. L’Algérie surtout, qui, son indépendance acquise en 1962, vit rapidement naître un irrépressible mouvement d’émigration vers l’ancienne métropole, suscité par une misère endémique.
Ce courant fut, en France, on le sait, encouragé par une politique économique irresponsable d’appel à une main d’œuvre à bas salaires – paradoxalement soutenue par un courant d’idées « progressistes », militant pour un accueil « généreux » à ces populations qui allaient à la France comme l’alouette au miroir. C’est alors qu’un laïcisme particulièrement obtus et inconséquent a vu dans l’intrusion massive de l’islam en France un moyen d’en finir avec les traditions chrétiennes : alliance contre nature, qui allait se révéler aussi efficace qu’explosive.
L’enchaînement des causes
Personne ne peut plus ignorer aujourd’hui les responsabilités écrasantes des gouvernements de droite et de gauche qui, depuis 1975, ont favorisé une immigration in contrôlée, rendant de plus en plus difficiles tant l’accueil des migrants dans des conditions décentes que leur intégration dans la société française. Conséquence immédiate : une montée des comportements racistes – de part et d’autre, bien sûr – sans précédent en France. Et avec, en réaction, la croissance continue du Front national.
Autre conséquence, passée d’abord inaperçue : l’accroissement rapide du nombre de musulmans a été accompagné de celui de l’Islam comme civilisation et société politique. Dans son dernier livre, Les cloches sonneront-elles encore demain ? (Albin Michel, 320 p., 22,50 €), Philippe de Villiers, « la gorge serrée et la boule au ventre », sonne le tocsin : il y a le feu à la maison ! Plus encore qu’à l’islamisme, c’est à « trois générations de responsables politiques » inconscients qu’il s’en prend, décrivant les trois phases de l’islamisation de la France : les années 80 – Mitterrand, les premiers immigrés maghrébins ; les années 90-2000 – Chirac, Jospin : les Frères musulmans et les salafistes ; depuis 2004 – Sarkozy, Hollande : l’espace identitaire, le halal, le voile, les mosquées… « Personne n’a rien vu venir, la classe politique a vendu la France par morceaux. »
C’est un constat très voisin – même si la tonalité diffère… – que fait Jean Birnbaum, responsable du supplément littéraire du Monde, dans Un silence religieux, la gauche face au djihadisme (Seuil, 242 p., 17€) : la classe politique, spécialement la « gauche morale », est devenue incapable de comprendre le fait religieux. Ainsi s’est-elle aveuglée sur la guerre d’Algérie, incapable d’en voir la dimension religieuse, le djihad. Les rares militants de gauche qui l’avaient perçue dès 1962 n’osaient pas le dire… par peur de jouer le jeu de l’OAS ! Témoignage imparable d’un dignitaire du Monde…
L’introuvable compatibilité
S’est très vite posée la question essentielle de la malléabilité de l’islam, de sa capacité, en tant que religion, à s’adapter à la culture et au mode de vie français. D’innombrables propos, très contradictoires, se font entendre quotidiennement sur le sujet. Un travail considérable de discernement a été entrepris par l’islamologue Marie-Thérèse Urvoy. Son savant ouvrage Islamologie et monde islamique (le Cerf, 430 p., 34 €) est, en fait, tout à fait accessible, tant les sujets qu’il traite sont au cœur de nos préoccupations : situant les circonstances planétaires du retour sur le devant de la scène du monde islamique, elle donne de puissants éclairages sur le contenu de la doctrine coranique, ses rapports avec la politique, la société, la morale conjugale et familiale, l’économie, la laïcité…
Sa critique du dialogue islamo-chrétien a pu elle-même être critiquée, mais quand on connaît la pratique de certains diocèses, on voit vite à quelles impasses effectives un tel dialogue peut conduire. Dans une petite plaquette d’entretiens (Entretiens sur l’Islam, éd. Docteur Angélique, 90 p., 10 €), Marie-Thérèse Urvoy résume d’une manière limpide sa vision des choses.
Jean-Paul Gourévitch, l’auteur des Migrations pour les nuls, a choisi, pour sa part, de décortiquer, dans un livre au style enlevé, L’Islamo-business, vivier du terrorisme (éd. P.G. de Roux, 204 p., 19,90 €), les aspects économiques et financiers du réveil islamique au Moyen Orient et en Europe, et les moyens (considérables) qu’il mobilise : on y assiste à la mondialisation des réseaux – militants, ou complices par intérêt – de l’islamisme actif.
Signalons encore l’ouvrage de Paul Korlov, disponible en édition électronique, Interdire l’islam, propositions pour apaiser l’avenir (sur amazon.fr, 178 p., 21,04 €). L’auteur se demande si, dans l’intérêt même des populations musulmanes, il ne faudrait pas décréter une interdiction générale de l’Islam, comme on a interdit le nazisme dans l’intérêt même des Allemands. Derrière l’apparente boutade, l’analyse est percutante.
Reste à déterminer et mettre en œuvre ce qui peut encore être fait aujourd’hui. En quelques mots : d’abord, placer l’immigration sous un contrôle strict, sans plus attendre de l’U.E. la moindre aide efficace sur ce point. Puis abolir le principe même du communautarisme et décréter « priorité nationale » la volonté d’intégrer à la société française les dernières générations d’immigrés et leurs enfants.
Il n’y a pas d’autre solution que de redécouvrir et faire redécouvrir les solidarités que suscite spontanément notre communauté naturelle. Autrement dit, réveiller le sens de la France. Ce qui implique une réforme profonde de la mentalité des élites, dont le peuple de France manifeste de plus en plus l’impérieux besoin. Sans savoir encore comment y parvenir. Ce n’est pas dans l’élection présidentielle qu’il trouvera la réponse.