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C’était vraiment mieux avant

Dans la pédagogie traditionnelle de la foi, il n’y a pas que la liturgie eucharistique : la confirmation, l’extrême-onction, le baptême, toutes les grandes étapes de la vie chrétienne ont été elles aussi adaptées – gauchies, assumons le mot.

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C’était vraiment mieux avant

L’abbé Claude Barthe, dans un bref examen critique des rituels des sacrements, du baptême à l’extrême-onction, montre à quel point, et une fois de plus, les réformateurs ont voulu éliminer purement et simplement toutes les notions qui « fâchent » – selon eux, car le désert des églises est là pour montrer qu’ils ne connaissaient pas aussi bien qu’ils le prétendaient les secrets désirs des peuples. Pour reprendre un intertitre de cet opuscule, les rituels actuellement en vigueur délivrent par un rite flou un message doctrinal faible. Tout ou presque a été dit sur l’eucharistie, qui a d’ailleurs concentré tous les efforts des réformateurs qui ont voulu briser – et même annihiler – toutes les formes anciennes. Mais les autres sacrements, revisités, sont riches d’enseignements : tout n’est plus que paix, joie, fête et amour, les enfants sont hors d’atteinte du démon quasiment avant que le baptême n’ait eu lieu et les mourants iront sûrement au Paradis. L’abbé Barthe prêche-t-il une religion de terreur où le rappel des fins dernières et de la puissance de Satan doit accompagner le croyant ? Non, mais il dénonce l’irénisme de rituels qui gomment toutes difficultés, écartent toute hiérarchie, affadissent le sacré, coulent le mystère dans les moules de la conversation et des usages de la politesse, presque, puisqu’il ne s’agit que de vivre-ensemble et de s’intégrer à la communauté.

On ne peut pas tout citer – et le livre est assez court pour que sa lecture ne puisse décourager ceux qui ne se sentiraient pas spécialistes – mais le chapitre sur la pénitence est exemplaire de la manière dont l’auteur met en perspective l’ancien et le nouveau rituel, et surtout les statistiques de la pratique, qui bien sûr s’effondre alors même que la confession new look était supposée être moins traumatisante et culpabilisante. Quant à l’extrême-onction, dont le nom seul avait une aimable solennité, « de rite accompagnant le mourant pour être sauvé, le sacrement est largement devenu un moyen de réconfort spirituel. » Mais quelle faute psychologique ! Comment ne pas voir que les exorcismes du baptême, supprimés, et cette parole libératoire « Quittez ce monde, âme chrétienne », disparue, saisissaient vivant et mourant et les faisaient rentrer de plain-pied avec le mystère de Dieu, avec la vie invisible ? À force de tout dédramatiser, on a ôté toute saveur, et l’aimable et tiédasse familiarité des nouveaux rituels n’ont plus la force des anciens. À lire sans attendre.

 

Abbé Claude Barthe, Les sept sacrements d’hier à aujourd’hui. Contretemps, 2025, 100 p. 10 €

 


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