Jean-Eudes Gannat, militant « identitaire », a été arrêté et mis en détention provisoire pour « incitation à la haine » pour avoir simplement publié sur TikTok une vidéo où il montrait des immigrants afghans assis devant un centre E. Leclerc, en regrettant que l’ambiance des petites villes françaises ait changé. Il sera jugé en 2026 et, d’ici là, le juge lui a interdit d’utiliser TikTok… et d’aller faire ses courses au centre E.Leclerc !
Ce procès d’intention absolument odieux, où une simple description de la réalité sur TikTok devient justiciable, alors que d’innombrables vrais malfrats, associations et ONG douteuses bénéficient d’une protection juridique partisane presque criminelle, pourrait simplement être considéré comme un triste fait divers de plus. Mais, vu dans le contexte plus large du durcissement du pouvoir de la gauche non seulement sur la France, mais sur l’ensemble du continent, nous devons commencer d’urgence à nous poser des questions sur l’avenir. En effet, pendant assez longtemps, la France – du moins en comparaison avec l’Allemagne ou le Royaume-Uni – semblait relativement tolérante en ce qui concerne la répression de la droite politique. Cela n’avait, bien sûr, pas toujours été le cas, si nous nous rappelons les origines du Front national. Mais, vu la dimension inouïe de l’immigration de masse, l’ampleur de l’islamisation, la misère économique et l’incompétence visible des divers gouvernements qui se sont succédé ces dernières années, voire décennies, la plupart des postulats de la droite ont été si visiblement confirmés par la réalité qu’il était devenu quasiment impossible d’en nier l’évidence. Si nous ajoutons à cela le fait que, contrairement à beaucoup de pays voisins, le Rassemblement national a su se positionner comme le premier parti de France, et que le vivier de droite a généré une pléthore de médias, d’associations et d’autres initiatives recouvrant l’entier spectre du conservatisme, on comprend pourquoi le débat politique en France a été, très longtemps, nettement plus vif et intense que dans d’autres pays où le cordon sanitaire a marginalisé, voire fait taire toute opposition de droite.
L’extrême-centre se radicalise
Néanmoins, sous Emmanuel Macron, nous assistons à un sérieux revirement de la situation : plus que jamais, les activistes et institutions de la droite sont dans le collimateur d’une justice clairement politisée. L’on ne compte plus les tentatives d’interdire des académies, d’annuler des conférences, de discréditer les militants en les mettant même sur les listes des terroristes, d’instrumentaliser des ONG pour agresser physiquement les biens, voire la personne des militants, de tolérer la fermeture de comptes bancaires d’associations de droite – et de leurs adhérents ! – et, bien évidemment, de forcer une politique de censure sur les réseaux sociaux afin de réduire autant que possible la présence et la visibilité de la droite sur la toile.
Comment expliquer ce durcissement à un moment où la droite semble plus proche de l’exercice concret du pouvoir que jamais, et tout le système d’extrême-centre voué à l’échec à peu près immédiat ?
La réponse à est multiforme. D’abord, c’est précisément la faiblesse du système actuel qui le rend si nerveux et l’oblige à agir pour assurer, par tous les moyens nécessaires, sa survie politique. En effet, on sous-estimerait gravement l’ambition et la volonté de pouvoir des élites régnantes si l’on supposait qu’elles lâcheront leurs positions seulement à cause d’une élection parlementaire ou présidentielle passagère. C’est tout un système complexe et bien établi depuis des générations qui voit doucement son monopole en danger et qui fera tout pour le conserver – à la fois en réprimant la droite autant que possible et en l’obligeant à se « normaliser » pour être digérée par le système et devenir à peu près inoffensive.
Mais il y a plus. En effet, la situation internationale commence à rendre les divers milieux de gauche, libérale ou extrémiste, assez nerveux, car l’élection de Donald Trump et surtout ses tentatives musclées de rendre à la gauche la monnaie de sa pièce et surtout d’agir sur l’Europe afin d’y installer des gouvernements de droite sympathiques à la cause « America First » a créé une situation inédite. Pendant des décennies, la gauche a été soutenue ou du moins tolérée par les États-Unis, alors qu’elle s’était habituée à faire pression un peu partout dans le monde pour y réprimer la droite. Les dangers découlant de ce renversement sont donc bien réels et expliquent à souhait la nervosité de la gauche qui, subitement, ne se sent plus maîtresse dans ce qu’elle considère comme sa propre maison.
Mais il y a pire encore, je crois. Depuis quelques années, il me semble que, du moins en Europe occidentale, nous avons dépassé le point de non-retour en ce qui concerne notre redressement civilisationnel. En effet, la désindustrialisation volontaire est tellement avancée non seulement en France, mais aussi en Allemagne, qu’une réindustrialisation prendrait de nombreuses années et nécessiterait des investissements qu’il sera extrêmement difficile de mobiliser. De même, le retard technologique et éducatif aura des conséquences immenses : toute une génération a été gâchée par un système pédagogique politisé et nivelé et n’a reçu aucune préparation sérieuse pour affronter les défis du futur proche. De plus, la crise démographique, bien qu’elle se profile déjà dans beaucoup d’autres parties du monde, frappera d’abord et le plus durement en Europe.
Tirer profit de la crise plutôt que d’y remédier
Mais le problème le plus important est probablement l’immigration de masse et le remplacement des populations qui ont atteint de telles proportions que les chances d’une assimilation culturelle sont perdues depuis très longtemps – bien au contraire, ce qui semble à l’ordre du jour, c’est plutôt l’assimilation des Européens de souche dans des milieux citadins majoritairement dominés par l’islam et l’Afrique subsaharienne. Il va de soi que ces différents facteurs s’aggravent mutuellement et préparent un déclin inouï de notre civilisation européenne ; un déclin face auquel les moyens démocratiques nationaux et européens sont à peu près inefficaces à cause de leur complexité et de leur court-termisme.
Il en découle que les milieux au pouvoir, qui connaissent cette situation et ces perspectives mieux que quiconque, chiffres précis à l’appui, ont depuis quelque temps rejeté l’idée de remédier activement à la crise pour plutôt en tirer profit — ce qui explique aussi pourquoi ils durcissent le ton face à la droite à un moment où nier l’évidence semble pourtant absurde.
Il y a deux raisons à cela : d’abord, les milieux qui financent le pouvoir sont les premiers bénéficiaires de la crise et ont donc tout intérêt à l’approfondir : plus la classe moyenne s’appauvrit par la misère économique et l’impossibilité de suivre les nombreuses règles administratives et climatiques absurdes qu’on lui impose, plus elle sera forcée de vendre à bas prix ses biens aux grands investisseurs. Nous assistons donc à un transfert impressionnant des richesses du bas vers le haut ; un transfert qui entre justement dans sa phase la plus intéressante pour le grand capital international.
Puis, si tôt ou tard la stabilité de l’Europe occidentale s’écroule et ouvre la voie à un chaos généralisé, la fuite des élites politiques sera d’autant plus facile, vu que tout le système étatique risque de s’évaporer pendant des années. D’autant plus que, dans un tel cas de figure, la « droite » sera admise à gouverner justement au moment où tout retournement de la situation sera impossible, et qu’il sera dès lors facile d’attribuer tous les maux au gouvernement d’une telle droite qui fera office de bouc émissaire pour des décisions prises il y a de nombreuses décennies déjà. Bien évidemment, la spéculation ne s’arrête pas là : une fois la droite discréditée et toute alternative politique détruite de l’intérieur, il faut s’attendre à ce que les foules, éreintées par des années de semi-guerre civile et de misère, s’alignent tôt ou tard sur l’un des grands oligarques qui promettra, sur la base des richesses qu’il aura accumulées, de rétablir l’ordre par des moyens plus ou moins autoritaires, transformant ainsi un système démocratique inefficace et discrédité en une sorte de techno-dictature sur le modèle singapourien, probablement acceptée plus que volontiers par des foules lasses du désordre.
Loin de moi l’idée de jeter la première pierre à ceux qui fuiront pour tenter de se créer une existence alternative loin de la dystopie actuelle. Mais à ceux dont le patriotisme serait plus fort que leur égoïsme personnel ou leur désespoir, je dirais que l’évolution générale vers le désordre puis vers un système autoritaire semble bien inévitable, mais que c’est à nous de faire en sorte d’éviter le pire. Certes, si nous revenons à mon point de comparaison préféré, la fin de la République romaine, les vrais conservateurs étaient horripilés par la prise de pouvoir d’Auguste et de son simulacre de « République restituée ». Mais tous savaient que l’ancienne République était bel et bien morte et que le compromis conservateur proposé par Octavien valait toujours mieux que l’utopie irréaliste de Brutus ou la tyrannie hellénistique de Marc Antoine. Dès lors, nous devrons probablement faire des choix difficiles semblables dans le futur, et il importe de les entrevoir déjà maintenant en pleine conscience, au lieu d’en être dépassés…
Politique Magazine existe uniquement car il est payé intégralement par ses lecteurs, sans aucun financement public. Dans la situation financière de la France, alors que tous les prix explosent, face à la concurrence des titres subventionnés par l’État républicain (des millions et des millions à des titres comme Libération, Le Monde, Télérama…), Politique Magazine, comme tous les médias dissidents, ne peut continuer à publier que grâce aux abonnements et aux dons de ses lecteurs, si modestes soient-ils. La rédaction vous remercie par avance. 