Pour la science, il vulgarise admirablement une très vaste série d’études indéniables sur ces différences physiques et psychologiques, qui commencent in utero, même pour le cerveau. Les auteurs y ajoutent de nombreuses considérations sur la psychologie évolutionnaire, dont le moins qu’on puisse dire est qu’elle considère froidement l’égoïsme individuel, ce qui ne veut pas dire qu’elle justifie des comportements « immoraux » mais qu’elle jette une lumière intéressante et surprenante sur les motifs de nos actions. On est fasciné par ce qu’on sait désormais sur le corps, le cerveau et notre manière de vivre en société, et encore plus fasciné par tout ce que les militants du genre indifférencié choisissent d’ignorer, de taire et de combattre par pure idéologie, ou par lâcheté pour ceux qui militent moins mais ne veulent pas d’ennuis, comme nombre d’universitaires.

Pour la philosophie, le livre pose que la nature existe, ce qui est déjà courageux, et s’attache ensuite à démonter les sophismes de ceux qui refusent la biologie, réputée fasciste puisqu’elle empêcherait de faire triompher l’idéologie du genre. Parmi ces sophismes, le fait de considérer qu’identifier l’origine naturelle d’un phénomène, comme la violence, par exemple, reviendrait à le légitimer comme norme. On comprend qu’avec de tels arguments (qui peuvent se résumer à « couvrez ce réel que je ne saurais voir ») toute la science doit être évacuée au profit d’une pure construction phantasmatique postulant l’inexistence de toute nature. Clair, même pour les parties décrivant l’état des recherches biologiques, argumenté, prudent (les différences ne sont pas essentialisées mais présentées comme des variables statistiques), ironique par moment, se voulant factuel, engagé dans son approche évolutionnaire – et donc parfois réducteur –, ce livre intelligent pointe du doigt le plus grand mal de ces théories stupides et dangereuses : à force de nier le réel, elles empêchent hommes et femmes de comprendre qui ils sont. Assignés à eux-mêmes et condamnés au flou, ils ne peuvent comprendre leurs désirs ni emprunter les chemins qui mènent à leur satisfaction. Ce livre, issu d’un cours que Sciences Po annulera par peur du quand dira-t-on, est une pierre de plus dans le jardin des déconstructeurs.

Peggy Sastre et Leonardo Orlando, Sexe, science et censure. L’Observatoire, 2025, 336 p., 24 €

Politique Magazine existe uniquement car il est payé intégralement par ses lecteurs, sans aucun financement public. Dans la situation financière de la France, alors que tous les prix explosent, face à la concurrence des titres subventionnés par l’État républicain (des millions et des millions à des titres comme Libération, Le Monde, Télérama…), Politique Magazine, comme tous les médias dissidents, ne peut continuer à publier que grâce aux abonnements et aux dons de ses lecteurs, si modestes soient-ils. La rédaction vous remercie par avance.