Il y a, dans le répertoire d’Antoine Ciosi, une chanson simple et poignante : *Le prisonnier*.
Elle commence par ces mots :
« Je t’envie, petit moineau, toi qui viens quelquefois pour me rendre visite… »
C’est la voix d’un homme enfermé qui parle à la liberté. Une chanson de fidélité, de silence et d’attente.
Cette nuit, le président Nicolas Sarkozy connaît à son tour la solitude du prisonnier. Lui qui a gouverné la France avec passion, qui a vécu dans le tumulte et la clarté, découvre le prix du retrait et du silence. Ce n’est pas une chute : c’est une épreuve. Et toute épreuve, lorsqu’elle est affrontée sans reniement, devient une forme de vérité.
Deux de ses fils sont corses, et ce sang venu de Vico, par Marie-Dominique Culioli et Achille Peretti, lui rappelle ce que la Corse enseigne depuis toujours : que la fidélité ne se discute pas. Elle ne se calcule pas, elle se paie. C’est le prix de la loyauté, et toujours de l’honneur.
Dans la nuit de sa cellule, que le souvenir de la Corse lui soit un fil d’Ariane, un repère pour ne pas perdre le sens des fidélités premières. Car cette île a appris à ses fils à résister, à attendre, et à ne jamais céder au ressentiment.
S’il songe à ceux qui l’ont quitté, qu’il sache que la trahison n’est qu’un bruit, et que le silence de la fidélité finit toujours par l’emporter. Le prisonnier n’est pas vaincu : il apprend ce que le pouvoir n’enseigne jamais — la mesure de l’homme face à lui-même.
Et pour les médisants, qu’ils méditent ces mots du Roi Lear :
« Sagesse et bonté paraissent viles aux êtres vils ; l’ordure ne peut goûter que l’ordure. »
Pour les cinéphiles, et pour ceux qui veulent mesurer le mordant et l’immortel mépris que porte en elle la parole de Lear, qu’ils se reportent au chef-d’œuvre qu’est l’interprétation du Roi Lear par Vincent Price dans le film Théâtre de sang. C’est inoubliable — et cela mettra l’ordre d’une projection morale à la destination de l’Assemblée nationale, où le venin et la boue ont déshonoré les lieux par les paroles prononcées avec véhémence par certains.