« L’aventure sentimentale d’Autant en emporte le vent ne doit pas faire oublier qu’il s’agit aussi d’un grand récit chargé d’escaliers. »
Sébastien Rongier est fasciné par ces marches qui emmènent au paradis ou à l’enfer, signalent l’accomplissement ou désignent la chute : « comme il est un organe de passage, [l’escalier] est souvent un excellent indicateur de l’état d’esprit des personnages, de la situation ou de l’état d monde. » Essai érudit sur le cinéma, avec des échappées vers l’architecture, la peinture et la littérature, L’esprit de l’escalier nous rend attentifs à ces éléments du « décor » qui, en fait, portent un sens symbolique et, surtout, contribuent à la narration. Ses analyses minutieuses, ses rapprochements audacieux télescopant le cinéma burlesque et la philosophie de Bergson, Pérec et Piranèse, nous découvrent certes un monde fascinant de marches et de degrés bien moins inertes qu’il n’y paraît mais sont surtout une invitation pressante à apprendre à regarder, à rentrer dans l’image avec l’esprit de celui qui la construit et qui, depuis l’échelle de Jacob, utilise l’anabase et la catabase comme une métaphore constante de la progression dramatique et donc de la vie morale.
Sébastien Rongier, L’esprit de l’escalier. Les Belles Lettres, 2025, 176 p., 23 €

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