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Quel futur pour l’Arménie ?

Ils étaient trois à table. Au centre, Donald Trump engrangeait une nouvelle victoire de sa diplomatie des accords, des deals et des annonces tonitruantes.

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Quel futur pour l’Arménie ?

À ses côtés, le président azerbaïdjanais Ilham Aliev et le Premier ministre arménien Nikol Pachinian signant un accord territorial présenté comme le solde de tout compte du conflit qui oppose leurs deux pays. C’était le 9 août 2025 et la Maison-Blanche de claironner qu’elle avait mis fin à la guerre entre Bakou et Erevan.

L’accord réalise un objectif central de Bakou en instaurant une zone de déplacement entre son territoire principal et la région dite du Nakhitchevan, enclavée dans le territoire arménien. Cette revendication ancienne, connue des observateurs comme la demande d’une liberté de circulation dans le corridor de Zanguezour, a gagné, au passage, une nouvelle dénomination. Exit l’orthographe trop complexe pour laisser place à la Trump Road for International Peace and Prosperity (TRIPP). Not so bad ? Certainement pour l’Oncle Sam qui supervisera le passage pendant 99 ans, en bénéficiant de privilèges économiques et en faisant la nique à Moscou, bien marri de voir son rival accentuer son influence dans le Caucase.

Champagne, donc, pour Aliev et Trump. Mais qu’en est-il du bilan de plus en plus contestable du Premier ministre arménien ? Cet accord, très silencieux au sujet du Haut-Karabagh, pourrait bien être lu comme une évacuation en bonne et due forme de toutes les questions lancinantes depuis septembre 2023 et la conquête de ce territoire. Quid des prisonniers politiques ? De la préservation du patrimoine arménien ? De la place des exilés du Haut-Karabagh dans la société arménienne ?

Les manifestations de soutien moral ne suffisent plus

De toute évidence, c’est la nature même de l’Arménie qui est actuellement mise en question alors que Nikol Pachinian est en guerre ouverte avec le Catholicos arménien, plus haute autorité religieuse du pays, et qu’il fait face à des contestations de plus en plus explicites de sa vision de l’identité arménienne, sans parler des affaires judiciaires qui déchirent le pays. Pour les uns, le héraut de la révolution de 2018 mène une politique réaliste, émancipée d’objectifs irréalistes, et faisant primer la prospérité économique après les ravages de la guerre de 2023 ; pour les autres, il brade son pays et son intégrité. Il faut dire que les nombreux réseaux arméniens de l’étranger sont loin de soutenir unanimement la politique actuelle de l’État arménien.

La complexité de la situation entre en dissonance totale avec la simplification à outrance régulièrement proposée pour présenter la situation en France comme en Europe. Dans un pays particulièrement pauvre, dont la jeunesse est allée au front en 2023, les manifestations bruyantes de soutien moral ne suffisent plus. C’est tout le sens de l’action et de l’investissement de SOS chrétiens d’Orient sur place qui refuse de se cantonner aux incantations. Aider l’Arménie ne consiste pas à pavoiser et dîner mais bien à engager un soutien effectif au développement économique du pays et à la lutte contre l’expatriation massive de sa jeunesse.

Alors que la Turquie apparait comme l’un des principaux gagnants de l’évolution en cours, le soutien à la société arménienne doit se faire dans l’écoute attentive et sans ornières des aspirations contradictoires de son corps social. Et si vous deveniez volontaire dans l’une de nos antennes ?

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