Le 7 avril a été lancée l’Ecole professorale de Paris, un établissement privé destiné à former les enseignants des collèges et des lycées. Les cibles ? Les préposés au Capes et à l’agrégation, mais aussi tous les professeurs qui souhaiteraient améliorer leur enseignement dans le secondaire. Nous avons demandé à son directeur, Philippe Nemo, de détailler le projet.
Pourquoi créer maintenant l’École professorale de Paris ? Estimez-vous qu’il existe des défauts dans le système actuel de formation des professeurs ?
Bien entendu, ce système présente des défauts énormes : sa désorganisation chronique, et le rôle démesuré qu’y jouent les prétendus «pédagogues». Mais réformer ce système dans son ensemble n’est certes pas notre propos (même si nous avons nos idées sur la question). Une initiative privée ne saurait avoir la prétention d’apporter une réponse globale au délabrement actuel de l’Éducation nationale. Cette réponse ne pourra être donnée que par des hommes politiques responsables, s’il en existe. Notre projet est à la fois plus modeste et plus ciblé. Il est de former à nouveau des professeurs hautement qualifiés dans leurs disciplines respectives, comme on savait fort bien le faire jusqu’à une date récente.
En quoi consiste l’apport original de l’Ecole professorale de Paris ?
Il consiste en l’option pédagogique susdite. Nous pensons que ce qui assure le rayonnement et l’efficacité pédagogique des professeurs auprès de leurs élèves, c’est essentiellement leur compétence académique, et nous voulons former nos étudiants dans cette logique. Nous pensons, en outre, que le pays a un besoin vital d’avoir des scientifiques et des experts compétents en tous domaines, comme il en a eu dans le passé, faute de quoi il décrochera (il décroche déjà!) par rapport aux autres pays européens, à l’Amérique du Nord et à la nouvelle Asie (Chine, Corée, Japon…). Or il ne peut avoir ces scientifiques et des experts de bon niveau si les enseignements primaire et secondaire continuent à sous-performer en France, comme le montrent pour notre honte les enquêtes PISA.
Il est vrai qu’il existe encore en France quelques formations secondaires excellentes, dans certains lycées publics officiellement ou officieusement dérogatoires, et aussi, de plus en plus, dans des lycées privés qui, dorénavant, trustent les mentions TB au bac ! Mais ces îlots de réussite sont constamment menacés de submersion par de nouvelles réformes égalitaristes absurdes, guidées par la haine obsessionnelle de la culture et de la transmission qu’ont les forces politiques, syndicales et sectaires qui dominent actuellement l’Éducation nationale. Notre projet ne prend donc tout son sens que si l’on lui adjoint l’hypothèse que, dans l’avenir, des politiques éducatives différentes seront menées, et qu’il y pourra donc y avoir de nouveau, de façon officielle, et non plus seulement clandestine ou marginale, des établissements secondaires sérieux ayant l’ambition de construire un savoir structuré de la 6ème au baccalauréat. Il est certain que si de telles réformes ne sont pas faites, nos diplômés seront en grand danger d’être au chômage. Ils pourront du moins se consoler par le fait d’avoir été, eux, correctement instruits.
Quand l’école va-t-elle donner ses premiers cours ?
En septembre 2016.
Avez-vous déjà eu des demandes d’inscription ?
Bien entendu, puisque notre site www.epparis.org nous a assuré d’ores et déjà une certaine visibilité. Mais nous en attendons d’autres, en comptant pour cela sur le bouche-à-oreille. Les étudiants ont jusqu’à fin mai pour s’inscrire au concours, et les candidats à nos deux Formations continues (Lettres et Mathématiques) jusqu’à la rentrée.
Pour en savoir plus : http://www.epparis.org/