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La Constitution maléfique

En 2005, les Français rejettent le projet de Constitution européenne.

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La Constitution maléfique

En 2007, Sarkozy signe le traité de Lisbonne qui reprend tout du texte de 2005 mais en en brouillant systématiquement les termes : « Le but du traité constitutionnel [de 2005] était d’être plus lisible… Le but de ce traité [de 2007] est d’être illisible… La Constitution voulait être clair alors que ce traité devait être obscur. C’est un succès » déclara Karel de Gucht, ministre belge des Affaires étrangères le 23 juin 2007, J.-C. Juncker, président de l’Eurogroupe, confirmant qu’il est inutile « d’attirer l’attention du public » sur les « transferts de souveraineté » qui seront mis à l’œuvre. On peut parler de trahison démocratique, André Bonnet le fait dans son essai remarquable sur le traité de Lisbonne. Mais il ne se contente pas de citer les acteurs de cette forfaiture, il descend dans le détail juridique du crime, pour ainsi dire, dans la fabrication, voulue et concertée, d’une Constitution puis d’un traité qui n’ont qu’un but : promouvoir un universalisme totalement dissolvant de “l’identité européenne”, si minces soient les dénominateurs communs (des ethnies homogènes, une culture chrétienne, une démocratie qui privilégie la volonté populaire) et mettre fin à la souveraineté des États-membres pour que personne ne puisse s’opposer au projet.

Dans l’Union européenne renouvelée et consacrée par Lisbonne, Malte aura désormais autant de poids que la France (et même un poids disproportionné quand on regarde le nombre de leurs députés respectifs rapportés au nombre de leurs habitants), l’Union européenne n’aura aucune limite prévue et, potentiellement, pourra accueillir n’importe quel État qui souhaite participer au Grand Œuvre (les analyses de A. Bonnet sont très éclairantes sur ce point) pourvu qu’il en accepte toutes les valeurs c’est-à-dire pourvu qu’il n’affirme rien qui soit chrétien d’inspiration et adhère à un relativisme absolu en matière de philosophie, de mœurs, de religion, position de principe qui aboutit évidemment à vanter une ouverture qui ressemble plutôt à une bouche engueulant le véritable héritage européen et « dégueulant », si j’ose ainsi écrire, un autre héritage, comme celui de l’islam : A. Bonnet livre en annexe la Déclaration islamique de 1995 de l’ancien président de la Bosnie-Herzégovine, inquiétante à souhait dans le contexte actuel. Un ouvrage indispensable.

 

André Bonnet, Les Preuves de la trahison démocratique. Sortir du traité de Lisbonne. L’Artilleur, 2025, 19 €

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