Avec Mort imminente, premier tome des enquêtes de Jeff Mistral, les éditions Klev signent une bande dessinée captivante qui s’inscrit dans la grande tradition du polar classique. Entre hommage aux films noirs et plongée dans le Paris des années 60, l’album allie un scénario habilement construit à un dessin d’une rare élégance.
L’intrigue s’ouvre sur une séquence marquante : en 1955, Aristide Klein, représentant de commerce, est victime d’un accident de voiture qui le propulse dans une expérience de mort imminente (EMI). Ce point de départ intrigant installe une tension subtile et ajoute une dimension quasi métaphysique à l’histoire. Quelques années plus tard, en 1962, le vol du célèbre diamant Lucie au Musée des Arts Décoratifs entraîne le détective Jeff Mistral dans une enquête haletante, où chaque détail compte. L’intrication des deux intrigues est maîtrisée avec finesse, offrant une lecture fluide et immersive.
Jeff Mistral s’impose d’emblée comme un détective charismatique, digne héritier des figures mythiques du polar. Son intelligence affûtée, son sens de la répartie et son flegme en font un personnage immédiatement attachant. Son interaction avec Arsène Longemer, responsable de la sécurité du musée, nourrit une dynamique pleine de subtilité, où chaque échange semble cacher des intentions plus profondes.
Au-delà du scénario, c’est la partie graphique qui impressionne. Le trait, élégant et précis, restitue avec une grande justesse l’atmosphère du Paris des sixties. Voitures d’époque, costumes raffinés et décors détaillés participent à une reconstitution visuelle soignée, qui plonge le lecteur dans un univers à la fois réaliste et envoûtant. L’ambiance, digne des grands films de suspense, est renforcée par une mise en scène efficace et un découpage narratif maîtrisé.
Olivier Andrieu et Alain Julié, Mort imminente. Klev, 2025, 72 p., 15 €
