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Non au gouvernement des juges

Cette nouvelle de Jean-Luc Jeener prend la forme d’une pièce de théâtre. L’art des discussions et des répliques attise l’intérêt de scène en scène et mène l’intrigue à son dénouement, aussi surprenant que convenu comme il se doit dans ce genre littéraire. Le retournement de situation est total et aussi imprévu qu’instructif.

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Non au gouvernement des juges

Nos sociétés sont travaillées par un prurit de justice. Les juges jugent de tout, décident de tout, s’imposent comme les maîtres. Rien de tel qu’une anticipation de quelque cent ans pour imaginer voir, après beaucoup d’horribles guerres civiles, parvenir au sommet de l’État un homme investi des pleins pouvoirs, qui se croit chargé de l’ordre général et de l’ordre privé, mais qui se veut, dans cette intention de perfection, résolument juste, absolument juste. Bref le tyran juste, comme titre Jean-Luc Jeener. Et qui se choisit ses affidés dans ses cercles d’amis du même camp que lui et qu’il établit juges. Un en particulier, son plus cher ami, qui a partagé ses convictions, certes un peu fatigué, mais qui finalement accepte dans le même esprit. Et voilà ce juge parti de trottoir en trottoir pour exercer ses talents de justicier du quotidien, et qui rend sentence sur sentence : la mort à tout coup et immédiate, car il faut éradiquer le mal dès son apparition, dans la conscience avant même la discussion des faits. Et puis c’est la meilleure façon de vider les prisons, objectif premier de toute réforme judiciaire.

Et voilà le scénario parti. Reste l’effet boomerang. Une dernière affaire revient dans la gueule du juge, imprévue, et qui force le tyran lui-même, devant les liens du sang, à enfin s’humaniser. Superbe illustration de la vanité humaine, bien dans l’esprit de notre ami Jean-Luc Jeener.

 

Jean-Luc Jeener, Le tyran juste, éditions Atlante, 130 p., 18 €

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