Dans une société aujourd’hui mondialisée et marquée par un individualisme de plus en plus fort, qu’en est-il en effet de la fraternité ? Aux temps de la Révolution, cette idée a été imposée pour fonder des principes démocratiques qui très vite ont montré que les ennemis de la fraternité, ou prétendus tels, devaient être sacrifiés sur l’autel des valeurs nouvelles ; ainsi dans des régimes totalitaires, à commencer par les Soviétiques, soucieux de fraternité partagée et pourtant à l’origine de millions de morts.

Que signifie donc la fraternité ? Si liberté et égalité peuvent être analysées et exposées dans des thèses savantes, rien de tel pour la fraternité qui touche au plus intime, voire à des valeurs supérieures qui dépassent l’ordinaire.

Depuis la Genèse jusqu’à l’encyclique Fratelli tutti du pape François, la fraternité renvoie à l’anthropologie et à la pensée judéo-chrétienne. Mais elle est aussi un idéal, un affect, une émotion, voire une ambition fraternelle de sociabilité. Pour certains elle devrait rassembler la famille humaine dans un objectif de paix raisonnée. Au fond la fraternité est une invitation à dépasser les rivalités sociales et nationales pour conduire vers un peuple de frères.

Sans doute sommes-nous proches d’une utopie ou même d’une aporie sociale. Le colloque de Brive a le précieux mérite d’envisager la fraternité sous ses formes diverses à partir d’une douzaine d’exemples. Car, il faut l’avouer, le souci de la fraternité revient à différents moments dans nos sociétés désunies, sans avoir pour autant un réel contenu. La réflexion est à poursuivre à la fois aux niveaux de la morale et de la politique.

Fraternité, l’oubliée, actes du colloque. Fraternité Edmond Michelet, 2024, 212 p., 20 €