Le jeudi 12 février restera dans les annales de la science car, ce jour là, deux évènements considérables ont confirmé l’existence des ondes gravitationnelles : une publication scientifique mondiale et le remaniement ministériel français.
À 17h, heure de Paris, un communiqué de presse du CNRS indiquait que « pour la première fois, des scientifiques ont observé des ondulations de l’espace-temps, appelées ondes gravitationnelles, produites par un événement cataclysmique dans l’Univers lointain atteignant la Terre après un long voyage. » On notera au passage le caractère lyrique de la phrase, ce qui peut avoir deux explications : (i) l’émotion des chercheurs, sidérés que des équations soient vérifiées (cela n’arrive jamais en économie, par contre) ou (ii) un louable souhait de vulgarisation : « Moi y’en a expliquer toi que l’espace-temps se courbe ». Les observations en question avaient eu lieu en septembre 2015, soit 100 ans après la prévision de l’existence de ces ondes par Albert Einstein dans sa théorie de la relativité générale.
Une fois vérifié que les instruments n’étaient pas en cause, que les observateurs n’avaient pas la berlue, que la plupart étaient à jeun, qu’il ne s’agissait pas d’un canular (les physiciens sont quelquefois facétieux), et, enfin, après acceptation de la publication des résultats de l’étude par une revue sérieuse, le communiqué est tombé. L’origine de ces vaguelettes à peine mesurables est encore plus terrible que l’explosion de l’Étoile Noire à la fin de l’Épisode IV de Star Wars : « la conclusion des physiciens est que les ondes gravitationnelles détectées ont été produites pendant la dernière fraction de seconde précédant la fusion de deux trous noirs en un trou noir unique, plus massif et en rotation sur lui-même. »
Coïncidence ou pas, à 16h40 le même jour, un autre communiqué émanant cette fois de la présidence de la République, annonçait la découverte de nouveaux ministres, dont certains venus de galaxies éloignées, et la disparition d’autres responsables gouvernementaux. Le remaniement apparaissait vite comme une autre manifestation des ondes gravitationnelles, tant il fallait d’instruments précis pour en mesurer les effets, appelés « vaguelettes » par plusieurs commentateurs. De même, il était clair que la disparition de quelques ministres ne pouvait s’expliquer que par la formation inopinée d’un trou noir. On disait que le Premier ministre avait pris soin d’informer les étoiles tombantes par téléphone. La consolation tombait sous le sens : E = MC2, mon amour*.
* P. Cauvin (Ed. J.-C. Lattès, 1977), best seller lu par 100% des ministres de la culture.