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Le courage d’être heureux

« Vos lettres m’ont fait un grand plaisir. Il y règne une liberté d’esprit et d’imagination qui me plaît et qui rassure sur votre bonheur. Pour être heureuse et rendre les autres heureux, vous n’avez qu’à laisser faire la nature et consentir à être vous. » Joseph Joubert à Pauline de Beaumont, le 14 avril 1797.

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Le courage d’être heureux

Pauline a 26 ans, Joseph 40 ans, et de cette rencontre qui fut un coup de foudre amical naquit une correspondance de presque dix ans, teintée de la pudeur et de la passion qui habitaient deux êtres au destin hors norme, liés par une amitié indéfectible. Tous deux de santé délicate, lecteurs assidus des grands esprits de leur époque, leurs échanges sont émaillés de leur goût partagé pour certains auteurs, des nouvelles prises et données sur leurs amitiés communes, de leurs inquiétudes réciproques sur leur état de santé, leur désir de se retrouver.

Beaucoup de délicatesse émane de ces correspondances où l’on sent tout l’élan contenu d’un Joseph Joubert face à une Pauline de Beaumont en proie aux affres de la douleur d’avoir perdu toute sa famille guillotinée pendant la Révolution, vide d’un mariage inexistant, rongée par une maladie qui ne la quittera jamais, mais qui resta femme du monde et femme de lettres, fut la muse et l’amante de Châteaubriand (dans les bras de qui elle mourut à 35 ans), notamment pendant l’écriture du Génie du Christianisme.

Presque dix ans de correspondance qui nous font traverser et vivre de l’intérieur une époque à la fois politique et littéraire où les noms de Bonaparte, Louis de Fontanes, Mme de Staël, Mme de Sévigné, Benjamin Constant, Mme de Vintimille, Chateaubriand et tant d’autres sont autant d’occasions de se dire, de se confier, de s’espérer, en somme, pour reprendre un mot de Joubert, de trouver le courage d’être heureux.

À la lecture de cet ouvrage, nous ne pouvons qu’éprouver une immense gratitude à l’égard des Éditions des instants, qui nous offrent ici un très bel écrin pour (re)découvrir de façon intimiste celle qui fut portraiturée par Élisabeth Vigée Le Brun, et celui qui de son vivant ne publia jamais rien, mais nous laissa de nombreux Carnets, des lettres, des notes, au style volontiers aphoristique.

 

Joseph Joubert et Pauline de Beaumont, Consentir à être vous, Correspondance. Éditions des instants, 2024, 176 p., 16€

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