Organiste renommé pour ses interprétations de Bach et Messiaen, Louis Thiry livre ici quelques courts textes. Malgré la poésie du sous-titre : « Promenade émerveillée parmi les notes, les rythmes, les hommes, les instruments… », sa forêt clairsemée ne tient guère ses promesses. Rien n’est approfondi par souci de ne point paraitre pédant, les réflexions tournent court, la partie technique est des plus convenue. Les meilleurs passages évoquent les musiciens : une plaisante fantaisie sur Josquin, des pages pertinentes sur Messiaen et les oiseaux, Messiaen et l’orgue, de justes propos sur le contraste entre la sécheresse de la partition et la liberté de l’interprétation ou encore sur la liturgie et le besoin de silence. « Est-il vraiment nécessaire de parler de musique ? » s’interroge Louis Thiry, qui nous touche plus à la tribune d’orgue qu’à l’écritoire.

Louis Thiry, Ma forêt musicale, Orgues Nouvelles, 128 p., 12 €

Marcel Dortort, compositeur atypique né en 1935, connut les affres de l’occupation. Malgré celle qu’il dût alors arborer sur la poitrine, il estimait pourtant être né sous une bonne étoile. Sa famille émigra à New York en 1952. Le jeune homme intégra une troupe de théâtre, approcha Edgar Varèse, étudia au Mannes College of Music avec Stephan Wolpe, Lester Trimble et Morton Feldman. De retour en France en 1968, il poursuivit l’élaboration de ses partitions aux combinaisons variées tout en travaillant comme Conseiller d’Education Populaire puis comme formateur au Ministère de la Jeunesse. Parti du sérialisme schönbergien, Dortort s’orienta vers les musiques aléatoires, les formes ouvertes et la synthèse sonore qui correspondaient mieux à sa volonté d’indépendance. L’étique opuscule de Clara Tessier condense agréablement une vie riche en rencontres mais sans nous donner d’analyses ou de clefs pour appréhender l’œuvre. C’est d’autant plus frustrant qu’il est rare de pouvoir l’entendre en concert.

Clara Tessier, Marcel Dortort, un itinéraire musical, Univers musical, L’Harmattan, 108 p., 13,50 €