Le Synode sur la synodalité qui vient de se conclure est riche en déclarations sur les horizons nouveaux. L’essentiel, paraît-il, est de regarder au loin, vers ce qu’on espère voir apparaître : « Levez-vous vite, orages désirés, qui devaient emporter René dans les espaces d’une autre vie ! ».
C’est à peu près ce que nous proposent, à des titres divers, Israël, les États-Unis, l’Union européenne et la caste mondialiste. Israël s’essaie au Nation Building avec les recettes éprouvées du messianisme états-unien, façon Irak, bombardements massifs et assassinats ciblés : réussira-t-il vraiment à remodeler le Moyen-Orient ? Les États-Unis, eux, semblent y avoir renoncé. En fait de nation à construire, ils s’attachent à se déconstruire socialement tout en défendant férocement leur empire économique et financier. L’Union européenne, elle, qui tranche de tout en même temps qu’elle nous précipite vers une guerre qu’elle n’a pas préparée, est à elle-même son propre horizon flou, rêvant d’intégrer toutes les nations, bien au-delà du continent européen.
Nos auteurs ont lancé leurs sondes et leurs filets : les uns ont trouvé des déclarations abracadabrantes sur ces horizons mystiques, à la limite du messianisme révolutionnaire de 1789, les autres ont identifié des falaises et des récifs bien propres à empêcher une expansion béate et, en tout cas, à boucher la vue au point que l’horizon non seulement recule mais encore disparaît. Tous nous disent que les discours de ceux qui nous gouvernent sont emportés par des chimères au train furieux et qu’en fait d’horizon, ce sont les abîmes qui se rapprochent.