Monde
« Nos dirigeants actuels invoquent souvent la révolution »
Un entretien avec Ludovic Greiling. Propos recueillis par courriel par Philippe Mesnard
Article consultable sur https://politiquemagazine.fr
Nous avons envoyé ce journal à l’imprimeur quelques heures avant de savoir qui, de Trump ou de Harris, serait président des États-Unis.
Nous aurions pu attendre un jour de plus. Et un encore pour surveiller la guerre au Moyen-Orient. Et un encore pour savoir quelle exposition Macron (rappelez-vous, on l’appelait le French Obama, en 2017…) allait inaugurer, et ce qu’il allait déclarer à Budapest. Et encore un pour écouter Retailleau et Migaud discuter, à Marseille – ce haut-lieu exemplaire si prisé du pape François et du président de la République –, de lutte contre la criminalité organisée. Et pourquoi pas attendre que Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher reviennent de leur séjour en Nouvelle-Calédonie « pour une mission de concertation » ? Que de graves sujets !
Mais à quoi bon ? Trump ou Harris, les États-Unis continueront à mépriser l’Europe, à s’en éloigner, à l’appauvrir et à l’instrumentaliser. On pourrait toujours se réjouir que Trump soit élu car cela ferait pleurer les gauchistes, et après ? En France, les jours n’en seront pas changés. Meurtres odieux (je n’en cite aucun, chacun lève le cœur), mœurs abominables, morts misérables, ruines des hospices, décombres des services de santé, scandales des services sociaux, sacrifice annoncé des agriculteurs quand le Mercosur sera adopté (grâce à Macron et à ses troupes, quoi qu’il en dise en France) et entreprises en faillite, immédiate ou à peine différée, par milliers.
Politique magazine traite certes de l’actualité, avec un temps de recul, mais il s’attache surtout à mettre au jour les raisons des crises qui nous ravagent à plus ou moins grand bruit, qu’il s’agisse de la disparition des hérissons, inquiétant symptôme, ou de l’invasion migratoire, avec son cortège d’incon-séquences, d’incohérences et de misères insupportables aux populations qui y sont exposées – qui ne sont en fait aucun des députés et aucun membre du gouvernement, sans parler du Touquettois en chef.
La raison majeure, c’est ce régime qui prétend parler au nom du peuple mais qui, chaque jour, travaille contre le peuple. Spectaculaire dévoilement que le macronisme avec son mépris et sa haine si publiquement affichés ! mais électoralement tressés avec le clientélisme le plus éhonté, à destination des “riches” qui seuls, aujourd’hui, ont droit de parole et ont titre de raison. Oui, avec Macron, la République française a démontré qu’elle n’aimait pas la France ni les Français, juste une certaine idée de la France et une certaine manière d’être citoyen : une France phare de l’humanité, pour un progressisme qui sent bon le maçon, et serpillère de l’Europe, pour ce qui est du reste ; des Français obéissants jusqu’à la servilité, pour les plus vertueux.
Cette République n’a jamais été si vantée pour des raisons si peu nationales et même si destructrices de la nation : tout le bien qu’on nous dit du régime et de ses serviteurs, c’est qu’ils sont capables de nous amener, rapidement, à un point où la France n’existera plus, sans passé, sans histoire, sans culture, sans langue, sans paysages, sans animaux, sans enfants – mais avec du Doliprane, produit en Chine avant d’être enrobé en France.
Mais cette France n’a pas à périr, ce régime n’a pas à imposer son ivresse de destruction, ce peuple n’a pas à obéir à ces prétendus maîtres qu’il se donne et qui l’accablent, le conspuent, l’appauvrissent et l’abrutissent : curieuse souveraineté ! Les peuples de France n’ont pas non plus à ajouter foi à des institutions qui, invariablement, leur procurent les pires souffrances, les privent de leurs libertés, leur vantent une égalité qui les broient alors qu’elles organisent le règne des oligarques, et célèbrent une fraternité si désincarnée et si sublime qu’aucune mort fraternelle – ni une, ni des centaines, ni des milliers – ne saurait en ébranler les fondements.
Les peuples de France se lassent, d’ailleurs. Les écailles leur sont tombées des yeux. Ils méprisent les politiques, ils vomissent les partis, ils doutent de la démocratie, ils aspirent à un chef – d’aucuns diraient une gouvernance – qui transcende les partis mais n’est pas asservi à l’Europe ni à aucun pouvoir transnational. En fait, ils sont prêts pour le Roi. Il ne manque plus que le Roi soit prêt pour eux.