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A la recherche du sens des choses

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A la recherche du sens des choses

Retrouvez, ci-dessous, la conférence de SAR Mgr le Comte de Paris, donnée à Chantilly le 10 octobre.

Quel devrait être le chemin pour permettre à chacun, quelle que soit sa place ou sa position, de comprendre ce qu’il est, pour cheminer sur le sentier qui est le sien, à sa place, et se battre si besoin est ? Le rôle, en cela, de quelque gouvernement que ce soit, devrait être d’aider à ce que nos contemporains puissent se développer, corps, âme et esprit : construire et non pas détruire.
Au fil de notre longue civilisation chrétienne occidentale, les bâtisseurs de cathédrale sont exemplaires, mais ils ne furent pas les seuls. A notre époque, au sein du chaos volontairement organisé, nos repères ont été progressivement effacés, la science et la technologie parfois excessive nous asservissent et oblitèrent de plus en plus notre esprit et nos ressources financières.
Pourquoi ? L’assujettissement du plus grand nombre de ceux qui ont encore le désir de travailler et de vivre grâce à leur métier, est remplacé par une seule idée fixe : GAGNER DE L’ARGENT et si possible du pouvoir par n’importe quel moyen…

Bien sûr, l’argent est nécessaire pour vivre et faire vivre sa famille. Atteindre le pouvoir pour le pouvoir tend à une destruction, une déstructuration de soi-même, car il faut connaitre la finalité du pouvoir, non pas pour se servir, mais pour servir.

Moi-même, dès mon enfance, j’ai vite su qui j’étais, mais je me sentais totalement inconscient et aveugle pour ce qui était ou qui serait ce que j’étais vraiment, et ce que je serai capable d’accomplir. Avec le temps, et progressivement, j’ai compris le rôle, fût-il difficile ou ingrat, de ce que devenait devenir mon chemin. Cela n’a rien avoir avec un orgueil et une vanité mal placés, mais avec ce qui serait désormais mon devoir, ma mission.

J’ai été soutenu en ce sens par quelques personnes qui m’ont aidé à réfléchir et à tenter de mieux comprendre les gens que je rencontrais et qui, eux, se trouvaient bloqués et angoissés par des « normes » obligées qu’ils ne pouvaient pas comprendre et auxquelles ils ne pouvaient pas participer.

Je remercie de tout mon cœur ceux et celles qui m’ont soutenu et qui continuent de le faire, et en particulier la Princesse Micaela, Comtesse de Paris.

Quelle est notre place, notre mission, celle de notre Pays, la France, dans ce mondialisme échevelé et tempétueux qui se déchaîne autour de nous ? Car cette « Bête » devient incontrôlable par le fait que toute décision qui engage notre vie, notre avenir, est totalement déconnecté de la réalité simplement humaine.

Je me souviens, en 1993, d’être allé poser une même question à plusieurs personnalités et chefs de partis, alors que je préparais l’écriture d’un livre devant paraître quelques temps après l’élection présidentielle de 1994 ; « Adresse au futur chef de l’Etat », chez Denoël. La question était : « Que comptez-vous faire pour réduire le chômage ? » Seule une réponse m’a …oui !… bouleversé, car elle traduisait la réalité de l’avenir. Ce fut Monsieur Jacques Delors, qui ma l’a fournie : « Monseigneur, me dit-il, dans l’état actuel de l’économie, il faut s’attendre à ce que 30% de la population de la France reste sur le bord du chemin, et nous n’y pouvons rien… »

A ce fléau qui ne faisait que commencer, et qui, aujourd’hui, de plus en plus, jette à la rue des familles françaises entières, s’ajoute une gestion économique déplorable due en grande partie à l’irresponsabilité de technocrates sans mandat électif, et totalement déconnecté de la vie sur le terrain… L’individu alors se retrouve face à son ordinateur, isolé, perdu dans une angoisse qui ne fait que s’accumuler chaque jour, au fur et à mesure des promesses annoncées et oubliées, et ce qui est pire, reportées aux calendes grecques…

Tandis que le bas de laine des Français fond comme neige au soleil, l’argent qui conservait une certaine valeur il y a encore quelques années, bien qu’il eût déjà perdu sa convertibilité avec l’or, est devenu, de nos jours, virtuel. Il n’y a plus d’étalon de référence. Ainsi, notre achat sur Internet repose uniquement sur des circuits électriques, au mieux ; au pire, il vogue sur les nuages, le « cloud », et il peut disparaitre au passage.

A l’époque de mon ancêtre, le Régent, protecteur du petit Roi Louis XV, avait cru bien faire, en acceptant les propositions de Law, financier anglo-saxon, afin d’assainir les finances de l’Etat. Bien des gens furent séduits et en demeureront ruinés, car ce n’était que du papier monnaie et les banques firent faillite. Les chroniqueurs disent pourtant que l’Etat effaça les deux tiers de ses dettes à cette époque !

Aujourd’hui le drame est aux portes de l’Europe. Il est en Europe. Il est en France. Drame humanitaire, mais pas seulement, car on ne change pas de civilisation comme in change de chemise et on ne peut pas impunément détourner le secret des choses et mettre le désordre dans la création.

L’impuissance de l’Europe face à l’invasion qui ne fait que débuter, les « diktats » de la Chancelière de Fer qui s’apparentent plus à une sorte de chantage vis-à-vis de la Hongrie et de la Pologne comme ce fut le cas pour la Grèce. Tout cela nous prouve que l’Europe est l’Homme malade de l’Occident.

Il devient urgent de faire table rase et de reconstruire une autre Europe, celle des hommes et des femmes, et non celle des marchands. Il est un grand principe de gouvernance qui dit que le politique gouverne l’économie et la finance, et ne doit pas se laisser gouverner par elles.

Je me remémore ce déjeuner-conférence près d’Arles sur l’Europe avant que le traité de Maastricht n’existât. Ce jour-là, nous avons compris que les jeux étaient en train de se verrouiller… Parmi les participants, il y avait de hauts fonctionnaires de Bruxelles et des personnalités locales. La Princesse Micaela, timidement, posa une question : « Je ne comprends pas très bien, dit-elle, mais l’Europe que vous voulez sera-t-elle fédérale ou confédérale ? » Un silence de plomb s’abattit sur l’assemblée, alors que rien n’était encore définitif.

Qu’on le veuille ou non, chaque pays d’Europe conserve son identité et sa spécificité : l’Histoire, la Culture, les Arts, sont le seul vrai ciment de nos racines avec notre langue, et chaque pays a les siennes propres. Ensemble, elles sont le socle de notre civilisation occidentale chrétienne.

Dans une Europe confédérale, à l’exemple de la Suisse, la gouvernance centrale devrait être réduite à sa plus simple expression, ainsi chaque pays conserverait sa souveraineté financière et monétaire, sa défense et sa diplomatie. Les lois ne seraient plus européennes, sauf sauf des contrats concernant de grands projets à construire en commun, au cas par cas, et renouvelables…
Le premier grand contrat pourrait consister :

  • à mettre en place une sorte de plan Marshall pour l’Afrique et le Moyen-Orient,
  • arrêter la guerre en Syrie, en s’appuyant sur la Russie et l’Iran, et en soutenant pour le moment celui qui est sur place : Bachar El Assad… Il faut être pragmatique,puis développer une économie, une industrie, une agriculture locale afin de fixer les populations sur place, chez elles, pour qu’elles cessent de nous envahir,
  • enfin, contrôler sur place la répartition de la manne financière afin d’éviter ainsi qu’elle ne disparaisse dans les sables. Un proverbe chinois dit : « Si ton ami a faim, ne lui donnes pas à manger, apprends-lui à pêcher ».

Pour conduire cette brève introduction à un débat qui se déroulera dans quelques instants, je voudrais rappeler la mission de la France, celle des Françaises et des Français, qui n’est pas de pousser quelques cocoricos retentissants, puis de lisser vaniteusement ses plumes.

Il est demandé à la France de transformer le charbon en diamant, d’être l’exemple exemplaire, universellement reconnu.

Jusqu’à la disparition du Roi Louis XVI, notre pays fut le premier dans de nombreux domaines, celui que l’on citait et qui suscitait parfois tant de jalousie, mais dont la langue était celle de la diplomatie. Les Rois capétiens avaient su garder la France en son axe, dans un juste milieu afin de lui permettre d’évoluer.

Je donne ici la parole au premier président élu de Tchécoslovaquie, Vaclav Havel : « Une chose est sûre, dit-il, bien que cela puisse paraitre aujourd’hui à certains ridicule ou donquichottesque, je me dois de ne jamais cesser de souligner l’origine morale de toute politique authentique, ainsi que l’importance des valeurs et des règles éthiques dans toutes les sphères de la vie politique, y compris l’économie, de même qu’il faut que j’explique sans cesse que si nous n’essayons pas ensemble de redécouvrir et de cultiver ce que j’appelle la responsabilité supérieure, cela finira mal pour notre pays… Nous voici donc témoins d’un étrange spectacle : notre société, il est vrai, a retrouvé sa liberté, mais elle se comporte dans certains domaines, pire encore que du temps où le mot liberté n’existait pas… L’appétit du pouvoir est le seul moteur de l’ambition et on assiste au développement de tous les fanatismes, de toutes les escroqueries, à la prolifération de mafias ou de lobbies, au manque généralisé de tolérance, de compréhension d’autrui, à la disparition du goût, de la mesure, de la réflexion… »

Et Vaclav Havel ajoute : « La vraie politique, la seule digne de ce nom, et d’ailleurs, la seule que je consens à pratiquer, est la politique au service du prochain, au service des générations futures. Son fondement est éthique, en tant qu’elle n’est que la réalisation de la responsabilité de tous envers tous. C’est la responsabilité supérieure, supérieure par le fait qu’elle s’ancre dans la métaphysique. Elle se nourrit de la certitude, consciente ou inconsciente, que rien ne se terminera par la mort, car tout s’inscrit pour toujours, tout s’évalue ailleurs, quelque part au-dessus de nous, dans ce que j’appelle la mémoire de l’être, dans cette partie indissociable de l’ordre mystérieux du Cosmos, de la nature et de la vie, que les croyants nomment Dieu, et au jugement duquel tout est soumis. »

Puissent ces paroles de Vaclav Havel, dont la sagesse nous vient du fond des siècles, être entendues, et surtout, je le souhaite, mise en pratique.

Merci de m’avoir écouté,

HENRI,
Comte de Paris
10/10/2015

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