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La blonde et nous

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La blonde et nous

All Things Must Pass, chantait George Harrison peu de temps après la dissolution des Beatles. En application de ce principe de péremption universelle, ce fut son dernier journal télévisé dimanche soir. Près d’un quart-de-siècle, ce n’est pas rien. Les dix millions de téléspectateurs qui, ce soir là, regardaient « l’ancêtre d’Internet » comme disaient les Guignols (eux aussi évanouis en début de saison), assistaient en réalité à leur propre effacement. Ils disparaissaient du champ médiatique en même temps que le journal télévisé du soir, lequel se diluait dans l’information en continu, propagée à défaut d’être analysée, par de multiples canaux pendant toute la journée. Dans ce contexte, on décida que la grande prêtresse qui défiait le temps avec une facilité déconcertante devait partir car le temps n’existait plus.

On murmurait qu’elle avait connu Cagliostro et que, peut-être, avant sa disparition, Léon Zitrone lui avait conféré les pouvoirs surnaturels qu’il avait lui-même hérités de Raspoutine. D’aucuns rappelaient la facilité avec laquelle elle avait écarté ses rivales : on lui prêtait les talents de la Brinvilliers et on regardait avec suspicion l’hommage que lui avait rendu, en direct sur son plateau, une chanteuse notoirement adepte d’occultisme. Alors, il fallait en finir.

Comme dans La Blonde et Moi (The Girl Can’t Help It, 1956), on décida qu’elle devait quitter les projecteurs et rentrer dans son foyer. Mais contrairement au personnage du film, elle n’y aspirait pas particulièrement puisqu’elle fit état, avec pudeur et distinction, retenue et professionnalisme, loyauté et rigueur, de son « immense tristesse ».

Ce fut son dernier journal, dimanche 13 septembre 2015. Une page se tournait pour nous tous. Et elle la tourna avec ce quelque chose d’un peu démodé que l’on ne rencontre plus beaucoup, et en tout cas jamais sur les réseaux « sociaux ».

L’élégance.

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