Editoriaux
Organisations Négligemment Gavées
À Gaza, le Hamas détourne l’argent des subventions, d’où qu’elles viennent, pour construire un réseau souterrain et de petites manufactures d’armes.
Article consultable sur https://politiquemagazine.fr
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Les partis se mettent en ordre de marche. Comme des armées. Pour la bataille qui se prépare, la grande, la présidentielle de 2017, comme si c’était l’ultime, le tout ou le rien. Une fois de plus ! Ce mois de juin les voit en pleine effervescence, avant la halte de l’été, en vue des universités de la rentrée, préliminaires des prochains affrontements de la fin de l’année, les élections régionales qui seront déterminantes pour les stratégies à venir, tant à l’intérieur mêmes des partis qu’entre les partis eux-mêmes. Les candidats à la candidature à la charge suprême se profilent, se projettent sur scène, s’investissent eux-mêmes de leur mission. Certains pensent déjà au tour d’après et se mettent en lice pour 2022. Les principaux protagonistes et finalistes sont connus, archi-connus ; c’est du répétitif et, pourtant, ils jouent leur va-tout : Marine Le Pen, Alain Juppé, Nicolas Sarkozy, Hollande… Dès maintenant, Fillon ne compte plus. Hollande y croit de plus en plus, à la condition – qu’il prépare minutieusement – d’être le seul candidat à gauche : soit jouant le match au deuxième tour – et, donc, dans son esprit le gagnant – contre Marine Le Pen qui se veut, elle, la seule, vraie et totale opposante ; soit – autre scénario qui plairait à l’actuel chef de l’État – rejouant le match, en retour, à cinq ans d’intervalle, contre son adversaire personnel, l’ancien chef de l’État, Sarkozy qui, lui, rumine sa revanche qu’il espère encore prendre, mais le pourra-t-il ? Président contre président, à celui qui sera le plus républicain !
Juppé qui, quant à lui, se veut à part – et donc dans son esprit au-dessus –, se pense gagnant à tout coup, ce qui le confirme dans sa superbe assurance. Chacun évalue ses chances selon sa martingale électorale. Fabuleux, non ? Enthousiasmant, non ? Redites et vieux trucs, direz-vous ? Vous aurez raison : les discours sont toujours calibrés aux mêmes normes, union de la gauche républicaine pour le haut motif qu’il s’agit de gagner, union de la droite républicaine… et du centre non moins républicain – ça fait si bien ! –, union nationale dans le ni gauche, ni droite, mais, néanmoins, pour le salut de la République qui, elle, ne vit que de l’opposition gauche-droite, allez comprendre !
Depuis déjà un certain temps des enquêtes révèlent que les Français ne croient plus, mais plus du tout, aux hommes politiques – et sous le nom d’hommes, comme disait l’autre, j’embrasse aussi les femmes. 80 % ne leur font plus confiance ; aux partis politiques, non plus ; aux syndicats et aux syndicalistes, non plus. Plus intéressant encore : 60 % des Français se disent désabusés des incantations républicaines, du mot « République » invoqué à chaque instant et de ce qu’on leur présente comme « les valeurs » de la République. Il y a vraiment de quoi ! Ces Français-là ne sont donc pas représentés et sont vraisemblablement gouvernés au rebours de leurs idées. Comment est-ce possible ? C’est ainsi ! Et depuis très longtemps ! Quand vient le temps de voter, les peuples, les pauvres peuples livrés aux partis tout-puissants et tous complices, votent selon ce qu’on leur dit de voter. Un pays catholique, comme l’Irlande vient de voter ainsi pour le prétendu mariage unisexe.
Les partis unanimes et la propagande officielle, nationale et internationale, ont fonctionné à sens unique. Et l’Église catholique qui s’aveugle toujours sur les questions politiques, n’a pas été à la hauteur. Un lobby arrive à faire passer les lois qui lui conviennent ; il n’est pas le seul, d’ailleurs. C’est ainsi que ça marche. C’est ce qu’on appelle « la démocratie » qui n’a, au fond, rien de démocratique quand on sait comment elle fonctionne au vrai, et qui fait le malheur spirituel, moral, politique, social du peuple manipulé. Nous sommes peu à le comprendre et surtout à le dire. Et, pourtant, telle est la vérité. Et heureusement, aujourd’hui, il est plus de gens qu’on ne le pense, à le pressentir.
Qu’on y songe seulement : 66 000 militants socialistes ont voté pour leurs motions A,B,C,D sur les 135 000 qui seraient à jour de leur cotisation, soit à peine 54 %. 60 % de ces 54 % ont voté pour la motion A qui permet à Jean-Christophe Cambadélis de garder son poste de premier secrétaire et de diriger le congrès du parti à Poitiers, soit à peine 40 000 personnes – et quelles sont-elles ? Or ce vote détermine la ligne du parti, qui détermine la ligne du président de la République qui se veut le candidat du parti socialiste ! C’est ça, la politique ! La politique française ! La France est dirigée par une petite bande de militants – de quelle valeur au juste ? – qui servent de faire-valoir à quelques centaines de cadres qui, eux, ne sont que des rusés et qui s’ouvrent ainsi une carrière politique rémunérée de haut vol. Tel est le régime. Du côté dit maintenant des Républicains, c’est du pareil au même. Les militants servent le parti dont se servent les dirigeants. Pour eux ! Il faut bien gagner, n’est-ce pas ? L’appétit du pouvoir est la seule véritable justification d’un tel fonctionnement. Changer les noms, faire des programmes électoraux, relèvent d’une communication qui est chargée d’attirer le chaland, l’électeur. Ça ne se situe pas très haut. Et la France n’est plus qu’un procédé de la rhétorique politicienne. Panthéoniser fait partie de la panoplie du Président qui exalte ainsi « les valeurs » dont il attend le retour électoral. Ah, les discours ! Ils s’imaginent ainsi être eux-mêmes de grands hommes et ils attendent les hommages de la patrie reconnaissante.
Sortir du marigot où ils sont plongés toute la journée, voilà leur rêve ! Pilleurs d’État (éditions Max Milo), tel est le titre du dernier ouvrage de Philippe Pascot, ancien ami de Manuel Valls : pas de titre plus exact pour faire le tour de notre système politique. D’autant plus que l’homme est parfaitement correct et ne tombe jamais dans le trop facile « tous pourris ». Non, mais il les peint tels qu’ils sont ; le portrait de Manuel Valls dit tout.
Comment, dans ces conditions, s’occuper vraiment de la France ? Ils ne voient même pas le gouffre qui s’ouvre sous leurs pieds ou, pour reprendre l’image d’Agnès Verdier-Molinié, le mur sur lequel ils se précipitent. On va dans le mur (éditions Albin Michel) détaille la situation aberrante de notre pauvre pays surchargé de taxes, d’impôts, de superstructures, de lois et de règlements, de régimes différents et surtout de dettes telles qu’elles empêchent tout avenir.
Et cet État incapable, livré à des partis sectaires, prétend s’occuper de l’éducation des enfants, sans doute pour mieux les déstructurer, des familles pour mieux les détruire , des patrimoines pour mieux les engloutir, d’économie et de dialogue social pour mieux les emberlificoter, les idéologiser et en écraser les entreprises, de santé pour mieux l’arracher aux médecins et aux familles, de décentralisation pour mieux prendre en main les territoires et les épuiser. Même les lois qui s’avèrent nécessaires sur le fond, sont polluées par le préjugé partisan.
Tout souffre de cette sottise idéologique et surtout les grandes fonctions de l’État : la justice, la défense, la sécurité intérieure et les finances nationales. Faudra-t-il attendre un grave incident sur les comptes publics ou sur notre système de défense et de sécurité – peut-être les deux à la fois – pour que les Français réalisent soudain l’effroyable gabegie et la désastreuse impéritie de leur régime politique ?
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