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Sarko : chronique d’une défaite annoncée [PM]

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Sarko : chronique d’une défaite annoncée [PM]

Le résultat des élections départementales ne doit pas faire perdre de vue qu’à presque deux ans de la présidentielle, Nicolas Sarkozy peine à s’affirmer comme le candidat naturel d’une droite rassemblée pour reconquérir son siège perdu en 2012. Autopsie d’une défaite annoncée ?

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Il est revenu en conquérant. Tel un ouragan, comme à son habitude, il prétendait tout balayer sur son passage. Les Français allaient voir ce qu’ils allaient voir. Comme le beaujolais du mois de novembre, le « Sarkozy nouveau » allait redonner des couleurs et du goût à une droite bien terne face à une gauche tout aussi amorphe. à lui tout seul, il allait remettre l’UMP en ordre de marche après l’intermède, désastreux confiait-il volontiers, du triumvirat Juppé-Raffarin-Fillon, depuis la démission forcée de Jean-François Copé en juin 2014, suite à l’affaire Bygmalion. Il allait s’affirmer comme le vrai, l’incontournable chef de l’opposition, enfoncer le Parti socialiste et la gauche tout entière, désarçonner le Front national. Si lui-même avouait qu’il « avait changé », c’était en bien. Sarkozy devait briller à nouveau au firmament de la vie politique française.

Vague anti-Hollande

Son but ? La présidentielle de 2017, retrouver l’Élysée qu’il n’aurait, selon lui, jamais dû perdre. Dans sa modeste stratégie de reconquête, l’ancien chef de l’état est repassé par la case « élections », au sein même d’un parti en lambeaux qui accuse encore plusieurs millions d’euros de dettes. Sans coup férir, il s’est emparé de la tête de l’UMP, rassemblant plus de deux tiers des voix des militants à jour de cotisation sur son nom. A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire.

Une fois dans la place, il a placé ses pions : une grosse dose de sarkozystes par-ci, un pincée de le mairistes par-là, quelques fillonistes à droite, une poignée de juppéistes à gauche (lire Politique Magazine n° 125 de janvier 2014). Sous sa direction, l’organigramme politique et administratif a été repensé et un plan d’assainissement des finances du parti a été lancé.

On pourrait croire que le succès encourageant du parti d’opposition aux élections départementales signe le retour gagnant du nouveau taulier de l’UMP. On pourrait le croire… si la lame de fond n’était pas née bien avant, comme le montrent les résultats des élections municipales, européennes et sénatoriales. De fait, le nouveau président de l’UMP ne fait que surfer sur la vague anti-Hollande et recueille aujourd’hui assez paradoxalement les fruits de sa défaite de 2012.

Feuille de route de l’alternance

Six mois après son retour au siège de la rue de Vaugirard, le bilan politique de l’ancien député-maire de Neuilly est, en effet, plutôt terne. Contesté au sein de son propre parti, il peine à rassembler. Pire, la reprise en main tant attendue après les psychodrames de l’ère Copé, n’a pas eu lieu. Certes, il échafaude une « feuille de route de l’alternance » qu’il conçoit comme une renaissance pour sa formation. Une formation qui devrait changer de nom lors d’un congrès extraordinaire le 30 mai. Mais rien ne saurait masquer que la locomotive de 2005-2007 est en panne ; que l’énergie formidable déployée par le candidat en 2007, qui lui avait permis de conquérir presque 20 millions de voix au second tour de la présidentielle, a disparu.

La première raison de cette apathie, c’est que Sarkozy n’est plus aussi bien entouré qu’auparavant : exit Maxime Tandonnet et Patrick Buisson, écarté Claude Guéant englué dans des déboires judiciaires, libéré Henri Guaino, devenu député des Yvelines et fâché contre sa famille politique parce qu’elle ne l’a pas adoubé comme tête de liste aux prochaines élections régionales… Au point que l’ancienne plume de Sarkozy a, un temps, envisagé de quitter l’UMP.

Mission impossible

L’ancien chef de l’état est donc isolé et le devient chaque jour un peu plus. Pour preuve, le soutien de ceux qui l’ont élu semble s’essouffler au fil du temps. Devant une assemblée de cadres remontés à bloc, le 13 décembre dernier, il disait pourtant vouloir « une armée de militants » d’ici à 2017. Las ! Multiplier par trois le nombre d’adhérents, qui se comptaient 170 000 à la fin juin 2014, pour atteindre 500 000 d’ici trois ans, comme il le prévoyait, est quasiment mission impossible. Nicolas Sarkozy doit revoir ses ambitions à la baisse. Et ce n’est pas le changement de nom à venir (lire encadré) qui ranimera un dynamisme aujourd’hui brisé sur deux murs : celui des réalités et celui du Front national.

Rupture consommée ?

C’est que sa crédibilité s’érode chez les sympathisants de l’UMP. En février 2013, 75 % d’entre eux souhaitaient que Nicolas Sarkozy soit candidat en 2017. Ils étaient même 78 % en juillet 2014… Mais ils ne sont plus que 57 % aujourd’hui. Soit une chute de 21 points en sept mois ! La même érosion de popularité s’observe chez les Français, toutes sensibilités confondues : selon un sondage BVA réalisé en février dernier, ils ne seraient plus que 22 % à souhaiter que Nicolas Sarkozy soit candidat à la présidentielle de 2017. Une chute de 11 points par rapport à un sondage identique réalisé en juillet 2014. La rupture serait-elle consommée ? Sarkozy aurait-il déjà perdu la présidentielle ?

Secte et gourou

Un peu plus de quatre mois après son élection à la tête de l’UMP, Nicolas Sarkozy semble incapable de retrouver l’élan et le dynamisme qui le portaient en 2007. Quelles sont ses propositions ? Où sont ses projets ? Certes, le parti « néogaulliste », qui connaît une longue déshérence depuis 2007, est en reconstruction. Mais il peine à surmonter la défaite et à remonter la pente, d’autant plus que de nombreuses affaires judiciaires sont toujours en cours : financement de la campagne présidentielle de 2007, affaire Bettencourt, affaire Tapie-Crédit Lyonnais, affaire Bygmalion… Pour cette dernière, l’UMP s’est constituée partie civile. Elle est donc en position de victime, alors même que Nicolas Sarkozy pourrait être directement visé par les investigations des juges d’instruction. Situation ubuesque !

Bref, l’image du parti est écornée, comme celle de son président. Voilà qui donne du grain à moudre à son principal concurrent dans la course à l’investiture pour la présidentielle de 2017. Un Alain Juppé qui déclarait, peu avant l’intronisation de son meilleur ennemi, que le parti « est en train de devenir une secte avec un gourou à sa tête »…

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