Civilisation
Voici le temps des assassins
C’est peu dire que Jean Gabin fut, comme disait le regretté Alain Delon, le John Wayne du cinéma français.
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Témoignage recueilli et interprété par Philippe Catoire.
Dans le petit écrin du Poche Montparnasse, Philippe Catoire, seul sur scène, assis dans un fauteuil, un châle sur les épaules et le geste élégant, nous convie à revivre le souvenir de la comédienne Valentine Tessier née en 1892, trop vite oubliée, qui fit le grand écart entre le film muet et le théâtre du XXe siècle jusqu’à sa mort en 1981, à l’âge de 89 ans. Philippe Catoire incarne ce témoignage en ressuscitant avec verve toutes les personnages et la vie théâtrale d’une époque éblouissante. C’est la découverte du Songe d’Athalie de Racine qui déclenche chez Valentine son intérêt pour les beaux textes classiques et sa passion pour le théâtre. Elle veut et fera tout pour devenir comédienne. La chance lui permettra de suivre les cours d’art dramatique de Paul Mounet avant de croiser en 1913 la route de Jacques Copeau au théâtre du Vieux Colombier, Jouvet à la Comédie des Champs-Élysées, puis Charles Dullin au Théâtre de l’Atelier. Au cinéma, elle incarnera Madame Bovary, tournera dans French Cancan de Jean Renoir, sera la Lucienne meurtrière de Marcel Aymé et bien d’autres rôles. Une vie partagée entre les planches et l’écran avec toutefois une préférence très marquée pour le théâtre. La douceur et la sensibilité de Philippe Catoire font de ce spectacle un moment de grâce qui célèbre une vocation et, à travers elle, le théâtre, qui, selon Jouvet, est « une de ces ruches où l’on transforme le miel du visible pour en faire de l’invisible ».